Les premières assises nationales de l’économie informelle ont été lancées le 8 février, à Brazzaville, réunissant les pouvoirs publics, les acteurs du secteur et les partenaires au développement. Les participants à la rencontre vont explorer les pistes de solutions pour la transition des acteurs informels vers le formel, à travers le recensement, les offres de formation, l’accès au crédit…
Le secteur informel est un véritable amortisseur social au Congo, car il emploie plus de soixante-treize mille individus actifs, loin devant la Fonction publique. Il compte plus de quarante-deux mille unités économiques exerçant principalement dans l’agriculture, le commerce, les services, l’artisanat, le transport de masse, etc. L’économie informelle a généré, en 2017, plus de trois mille milliards francs CFA.
Malgré leur poids dans l’économie nationale et leur rôle d’amortisseur social, les acteurs économiques informels sont exclus du système de protection sociale, y compris du système bancaire. Ne figurant sur aucun registre fiscal et d’immatriculation de l’État, ces acteurs économiques ne peuvent pas accéder au mécanisme de financement, de formation et d’accompagnement mis en place par l’État.
En initiant ces assises de l’économie informelle en partenariat avec la Banque mondiale et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le gouvernement veut afficher son engagement à consolider le tissu économique et lutter contre la pauvreté. Pendant les trois journées, les participants tenteront d’identifier les entraves à la formalisation des entreprises afin de proposer les pistes de solutions, de mettre en place des mesures incitatives ainsi que d’encourager les acteurs informels à se constituer en syndicats ou en coopératives.
En effet, la rencontre dédiée à l’économie informelle constitue un espace de dialogue entre les travailleurs du secteur et les administrations publiques, a estimé la ministre de la Promotion de la femme, de l'Intégration de la femme au développement et de l'Économie informelle, Inès Nefer Bertille Ingani. « Il s’agit de cerner les problèmes qui minent ce domaine en vue de dégager une feuille de route nécessaire à l'élaboration de la politique nationale de l'économie informelle », a-t- elle signifié.
Quelques pistes de solutions sont envisagées par les divers intervenants à l’instar du Pnud, notamment la poursuite des appuis directs au secteur informel, l’élaboration d’un programme national de formalisation des unités économiques s’inspirant des modèles du Bénin et du Togo. Le représentant résident du Pnud, Opia Mensah Kumah, a affirmé la volonté de son institution à soutenir le gouvernement dans la transformation de l’économie congolaise, grâce à l’octroi des subventions et la création d’un microcrédit destiné à ces acteurs économiques.
Assainir le cadre juridique local
« Quelle stratégie pour une contribution de l'économie informelle au développement socio-économique du Congo ? » est le thème de la première édition des assises. Ouvrant les travaux, le ministre d'Etat, ministre du Commerce, des Approvisionnements et de la Consommation, Claude Alphonse N’Silou, a fustigé la complexité du cadre juridique local qui ne favoriserait pas l’essor des unités économiques. Il s’est engagé à assurer le suivi des recommandations qui découleront de ces travaux.
Outre le thème central, les parties prenantes vont plancher sur des thématiques comme : « La clarification du concept économie informelle, l'entreprise informelle au Congo, réalité, comportement et mode d'évolution »; « Les mesures incitatives pour transformer l'économie informelle » ; « Comment créer des emplois décents dans l'économie informelle, contribution de l'économie informelle à la création d'emploi au Congo »; « La Fiscalisation de l'économie informelle : défis et possibilités » ; « Quelles actions innovantes pour une amélioration de l'accès au financement des acteurs de l'économie informelle ? » ; et « Les Femmes et économie informelle ».