Le Fonds mondial pour la nature (WWF) et l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) ont organisé, le 10 février à Kinshasa, l’atelier de lancement officiel du nouvel accord de partenariat conclu entre ces deux institutions pour la gestion du Parc national de la Salonga (PNS), en République démocratique du Congo.
L'atelier a été l’occasion de partager la vision de la Salonga, de transmettre les informations essentielles sur le partenariat entre les deux institutions sur l’état de consolidation du programme Salonga et des contributions de ses différents bailleurs. Les participants ont partagé des connaissances sur ce partenariat et la gestion durable des ressources de la Salonga.
Il s’est agi d’un aperçu sur cette aire protégée, présenté par le responsable du développement rural-Salonga, Alfred Yoko ; de la construction d’une seule unité programmatique multi-bailleurs pour redynamiser la gestion du PNS, développée par le directeur chef de site du PNS, Luis Aranz ; de l’évolution de la mise en œuvre de la LAB au PNS, présentée par le directeur et chef de site adjoint du PNS, Lucien Lokumu ; et de la gestion de la Salonga dans le respect des droits humains, présentée par le coordonnateur Franck Kamunga. Ces exposés ont suscité un échange de vues avec les participants qui ont quitté la salle avec des éléments communs sur cette aire protégée.
D’une approche projets à une approche programme
Notant les avantages de ce nouvel accord entre WWF et l’ICCN qui a autour de lui d’autres partenaires techniques et des bailleurs, le directeur national du WWF-RDC, Yaouba Kaigama, a relevé la volonté de ces deux partenaires de passer d’une approche projets à une approche programme. « Nous avons de grandes ambitions par rapport à ce parc. Nous allons donc partager avec les différents acteurs techniques et bailleurs, la vision et le plan que nous avons élaborés pour l’avenir. Nous souhaitons que ce parc, à l’image d’autres grands parcs dans le monde, s’inscrive dans l’économie du pays, parce que la conservation ne peut se faire en dehors du bien-être du peuple. Notre ambition est donc d’établir la connexion entre la conservation et le bien-être du peuple », a souligné le directeur national du WWF-RDC. Il a indiqué que le travail est de renforcer cette vision qui a déjà commencé depuis plusieurs années en vue de la rendre effective.
Par rapport à l’approche programme, Yaouba Kaigama a fait savoir que dans le cadre de cette vision intégrée du parc, tous les projets que les différents partenaires au développement de cette espace protégé vont concevoir vont se mettre ensemble de façon cohérente et vont s’inscrire dans un programme général. A l’en croire, ces projets seront appelés à être assez flexibles en vue d’être complémentaires et synergétiques.
Pour rassurer par rapport aux accusations des violations des droits de l’homme relevées dans le parc, le directeur national de WWF a fait savoir que son institution et tous les partenaires ont travaillé ardemment en vue de mettre en place des mécanismes essentiels pour respecter et appliquer les questions des droits de l’homme. « Nous avons mis en place un mécanisme des plaintes qui permet aux communautés locales d’avoir des recours en cas des violations de leurs droits ; et des programmes qui permettent d’appuyer les communautés dans leurs activités économiques et sociales, grâce aux formations données aux agents de l’ICCN dans lesquelles il y a également des questions des droits de l’homme. Avec tous ces mécanismes, nous pensons que rien ne sera comme avant car, nous essayons de réduire sensiblement les cas des violations des droits de l’homme et si cela arrive, nous avons des mécanismes pour les gérer », a-t-il laissé entendre.
Le directeur chef de site du PNS, Luis Aranz, a lui également rassuré sur la volonté de développer cette aire protégée, en notant son apport pour les communautés locales et le développement du pays.
Le directeur à l’ICCN, Jeff Mapilanga, représentant le directeur général de cette institution, Yves-Milan Ngangay, a rappelé la valeur de la PNS ainsi que du réseau des aires protégées dans lequel se trouve ce parc, pour la préservation de la biodiversité ainsi que pour la régulation du climat mondial. Il a également rappelé les défis auxquels sont confrontées ces aires protégées, en soulignant la décision du gouvernement de juguler ces défis dont ce partenariat signé avec le WWF. Ce cadre de l’ICCN, au nom du directeur général, a également relevé les progrès réalisés dans le cadre de ce partenariat signé avec cette organisation internationale et qui vient, à cette occasion, officiellement d’être renouvelé, permettant le retrait de ce parc de la liste des sites en péril.
Le conseiller de la vice-Première ministre, ministre de l’Environnement et du Développement durable, a rappelé la position du pays et les efforts consentis par le gouvernement en vue de continuer à faire jouer, avec ses forêts, son rôle de pays solution pour la régulation du climat mondial.
Plus de huit millions de dollars américains pour appuyer la conservation
L’Usaid, à travers son Programme régional pour l’environnement en Afrique centrale (Carpe), le plus grand programme de gestion des terres en Afrique et qui favorise la conservation de l’écosystème du Bassin du Congo, vient de consentir une enveloppe de 8,3 millions de dollars américains pour appuyer les efforts de conservation et de développement durable (les activités génératrices de revenus, les réseaux entrepreneuriaux et les chaînes de valeur) menés par les communautés dans cinq cents villages dans le paysage d’importance vitale de Salonga-Lukenie-Sankuru (SLS).
Cette agence américaine salue cette nouvelle phase du partenariat entre l’ICCN et le WWF visant à redynamiser la gouvernance et la gestion du PNS et de promouvoir des modèles de conservation et de développement durable inclusifs et dirigés par les communautés dans la périphérie du parc. « Le partenariat USAID-WWF contribuera à la conservation du paysage de SLS en aidant cent cinquante communautés locales, dont le peuple autochtone Twa, à garantir leurs droits fonciers et forestiers et à établir des modèles inclusifs de gestion des ressources naturelles », a souligné l’Usaid.
Selon cette agence, ce projet vise également à réduire la dépendance à l’égard des pratiques non durables qui menacent les écosystèmes forestiers ainsi que d’eau douce et dégradent les ressources naturelles dans cinq cents villages situés à environ 20 Km de la limite du PNS. « Les habitants de ces communautés bénéficieront d’une augmentation de leurs revenus et des meilleures conditions de vie grâce à l’accroissement de la productivité agricole, à l’utilisation judicieuse et durable des produits forestiers non ligneux, à un meilleur accès au marché, à un mécanisme de financement local efficace et à l’amélioration des services sociaux », a noté Payat de Marcken, directeur sénior/Bassin du Congo. Il a souligné que ce projet reflète un engagement plus large du gouvernement américain d’aider les gouvernements et les communautés à travailler ensemble à la gestion durable de leurs ressources naturelles.
Rappelons qu’en août 2015, l’ICCN et le WWF ont signé un accord de partenariat pour la gestion du PNS d'une durée de trois ans, dans le but d’améliorer la conservation de cette aire protégée. Cet accord a été renouvelé le 7 octobre 2021 pour une période de cinq ans.
Le PNS, classé patrimoine mondial de l’Unesco, est, avec ses 3 360 000 hectares, la plus grande aire protégée de forêt dense humide du continent africain et la troisième au monde. Sa faune remarquable comprend près de 1 500 éléphants de forêt, espèce menacée d’extinction, et plus de 40% de la population de bonobos au monde. La superficie de ses forêts lui confère, en outre, une grande importance en termes de régulation du climat et séquestration de carbone.