Les gouvernements de plusieurs pays dont le Gabon, la Jamaïque et le Sri Lanka ont uni leurs forces pour lutter contre l’usage de certains cosmétiques néfastes, en lançant un projet conjoint doté de 14 millions de dollars pour éliminer l’utilisation du mercure dans les produits éclaircissants la peau.
L’utilisation de produits cosmétiques pour inhiber la production de mélanine par l’organisme afin de donner à la peau un aspect plus clair est une pratique séculaire dans de nombreuses régions du monde qui continue de faire des ravages encore de nos jours, tant sur les humains que sur l’environnement. Les hommes et les femmes utilisent des produits éclaircissants non seulement pour éclaircir leur peau, mais aussi pour estomper les taches de rousseur, les imperfections, les taches de vieillesse et traiter l’acné. Cependant, les consommateurs ignorent souvent que nombre de ces produits contiennent des substances chimiques nocives, notamment du mercure, une substance toxique qui présente des risques pour la santé humaine et contamine l’environnement.
Les produits d’éclaircissement de la peau peuvent provoquer des éruptions et des décolorations cutanées, des cicatrices, des dommages aux systèmes nerveux, digestif et immunitaire ainsi que l’anxiété et la dépression. « La convention de Minamata sur le mercure » a fixé une limite de 1mg/1kg (1ppm) pour le mercure dans les produits éclaircissants pour la peau. Cependant, un test réalisé en 2018 par le Zero mercury working group et le Biodiversity research institute (BRI) sur plus de 300 produits provenant de vingt-deux pays a révélé qu'environ 10 % des crèmes éclaircissantes pour la peau dépassaient cette limite, beaucoup d’entre elles contenant jusqu’à cent fois la quantité autorisée.
Dirigé par le Programme des Nations unies pour l’environnement, avec un financement du Fonds pour l’environnement mondial et exécuté par l’organisation mondiale de la santé (OMS) ainsi que le BRI, le projet « Eliminer les produits d’éclaircissement de la peau au mercure », doté de 14 millions de dollars, s’efforcera de réduire le risque d’exposition aux produits d’éclaircissement de la peau contenant du mercure, en sensibilisant aux risques sanitaires liés à leur utilisation, en élaborant des réglementations types pour réduire leur circulation et en mettant fin à la production, au commerce et à la distribution sur les marchés nationaux et internationaux.
« Le mercure est un ingrédient caché et toxique dans les crèmes éclaircissantes pour la peau que de nombreuses personnes utilisent quotidiennement, souvent sans comprendre à quel point cela est dangereux », a déclaré le président directeur général et président du Fonds pour l’environnement mondial, Carlos Manuel Rodriguez.
Prévenir les dangers des produits d’éclaircissement de la peau
Les produits d’éclaircissement de la peau ne présentent pas seulement un risque pour l’utilisateur : les enfants peuvent y être exposés par le biais du lait maternel, et les chaînes alimentaires peuvent être contaminées lorsque les cosmétiques sont rejetés dans les eaux usées. En outre, le composé peut voyager loin de son point de dispersion, s’accumulant dans la terre, l’eau et le sol sans se décomposer dans l’environnement. La demande de produits d’éclaircissement de la peau devrait atteindre 11,8 milliards de dollars d’ici à 2026. Elle est alimentée par une classe moyenne croissante dans la région Asie-Pacifique et par l’évolution démographique en Afrique et dans les Caraïbes, par conséquent l'utilisation d'ingrédients nocifs dans les produits d’éclaircissement de la peau est un problème mondial.
Alors que les gouvernements ont accepté de limiter l’utilisation du mercure par le biais de la Convention de Minamata, des entreprises continuent de fabriquer, de commercialiser et de vendre des produits toxiques aux consommateurs. Le projet qui durera trois ans permettra aux pays concernés d’aligner leurs politiques relatives au secteur cosmétique sur les meilleures pratiques, de créer un environnement propice à l’élimination progressive du mercure et de tenter de faire évoluer les normes culturelles plus larges relatives au teint de la peau en faisant participer les organisations, les professionnels de la santé et les personnes influentes travaillant dans ce domaine.
L’OMS appelle à une action urgente pour la régulation du mercure, qui est l’un des principaux produits chimiques préoccupants pour la santé publique. Les effets du mercure sur la santé sont connus depuis des siècles, mais il faut maintenant sensibiliser davantage de personnes. Les pays devraient agir de toute urgence pour prendre des mesures juridiques contre les pratiques néfastes afin que cet élément dangereux soit éliminé des produits d’éclaircissement de la peau que les gens utilisent tous les jours et qui présente des risques importants pour la santé humaine et l’environnement.