Les membres du Centre d’action pour le développement (CAD) ont poursuivi, le 21 février devant les cadres du ministère de l'Economie forestière ainsi que d'autres acteurs de la société, leur campagne de sensibilisation et d'information sur la loi interdisant l'exportation des grumes en République du Congo.
Les participants à la réunion ont, sans langue de bois, expliqué les causes, les risques, le processus de mise en œuvre et les avantages de la loi qui met fin à la sortie des grumes juste après leur abattage, depuis le 1er janvier dernier.
Selon le directeur exécutif du CAD, Trésor Nzila, cette journée d’échange intervenue après celle avec les journalistes s'inscrivait dans le cadre de la campagne Log Ban Export, une initiative qui vise à interdire l'exportation du bois sous forme de grumes dans la zone de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale ( Cémac).
« Nous avons discuté sur la loi interdisant l’exportation des grumes sous forme de bois en République du Congo. Depuis plusieurs années, cette mesure a souffert et n’était pas appliquée. Les autorités ont pris une décision qui marque l’entrée en vigueur de cette mesure, c’est une bonne initiative que nous encourageons. Nous appelons tous les pays de la Cémac à aller vers la mise en œuvre de cette directive sous- régionale parce que cela aura un impact positif sur le social de la population. Ceux qui sont contre cette loi protègent simplement leurs intérêts », a expliqué Trésor Nzila.
Le président du CAD a rappelé qu'il soutient totalement cette initiative du gouvernement puisque sa structure n'est pas une organisation qui critique toutes les décisions mais travaille pour l'amélioration des conditions de vie de la population.
Cette réunion a permis au CAD d'informer et vulgariser la directive de la Cémac et les initiatives prises par les autorités. Elle vise également à montrer à l'opinion la valeur ajoutée de la mesure relative à l'interdiction d'exportation des bois en grumes tout en impulsant une coalition multi-acteurs au niveau national pour soutenir les efforts du gouvernement.
Le directeur de l’Economie forestière, Joseph Moumbouili, a fait part des avantages de cette loi à travers un exposé intitulé « Principales innovations de la loi 33-2020 du 8 juillet 2020 portant code forestier ». Les responsables des sociétés forestières présents dans la salle ont estimé que cette loi mettra à mal le secteur privé national. Ils déplorent, en effet, la précipitation dans la mise en œuvre de ce code, par rapport à d’autres pays de la Cémac et la non prise en compte des difficultés des entreprises forestières.
Il faut noter que ce code remplace l’ancien de 2000 devenu caduc au regard du contexte international marqué par la lutte contre les changements climatiques, suite à l’adhésion du Congo aux nombreux traités, accords et instruments juridiques de ce secteur.
Un secteur porteur
Le secteur forestier est l’un des plus grands employeurs de la République du Congo et contribue au désenclavement et au développement de l’arrière-pays. Il génère un nombre important d’emplois directs et indirects dans les services aussi bien en milieu rural qu’urbain.
La superficie moyenne attribuée par opérateur est de près de quatre cent mille hectares, avec des fortes disparités. Les concessions forestières aménagées et non aménagées constituent les surfaces de forêts attribuées à des acteurs exploitants et industriels forestiers. Elles représentaient en 2019 une superficie totale de 14,3 millions d'hectares, soit 96% de la totalité des forêts de production du Congo. 8,1 millions d'hectares, soit 56,9 %, sont actuellement sous aménagement, et 4,6 millions d'hectares, soit 32,7%, non aménagés. La superficie des concessions forestières en cours d’aménagement est de 901 000 hectares.
Le gouvernement congolais et l’Union européenne ont signé en mai 2010 un Accord de partenariat volontaire sur l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux et qui a été ratifié en juillet 2012 pour garantir une exploitation légale des forêts. Certaines sociétés ont fait le choix de s’orienter vers la certification forestière, dont les pionniers sont la CIB et IFO.
Cette nouvelle politique du gouvernement en matière d’industrie du bois a été fixée par le chef de l’État, Denis Sassou N’Guesso, le 23 décembre dernier, lors de son discours sur l’état de la nation devant le Parlement réuni en congrès.