Afrique centrale : tournée test d’Emmanuel Macron

Mercredi, Mars 1, 2023 - 12:54

Le président français, Emmanuel  Macron, entame ce mercredi à Libreville une tournée de quatre jours en Afrique centrale, l'occasion d'éprouver la "nouvelle relation" qu'il appelle de ses vœux avec un continent où l'influence de la France ne cesse de reculer.

Emmanuel Macron est attendu en fin d'après-midi à Libreville, la capitale gabonaise, première étape d'une tournée qui le conduira ensuite en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo. C'est son dix-huitième déplacement en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017. Il s'y rend deux jours après avoir déroulé depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre ans à venir. Prenant acte d'un ressentiment croissant envers la France, ex-puissance coloniale, le chef de l’Etat a appelé à bâtir une nouvelle relation, équilibrée, réciproque et responsable avec l'Afrique. Il a également annoncé une réduction de la présence militaire française, concentrée depuis dix ans sur la lutte contre le jihadisme au Sahel, mais devenue l'incarnation de l'héritage colonial aux yeux d'une jeunesse avide de "nouvelle" indépendance. " L’Afrique n'est pas un pré-carré", a martelé le chef de l'Etat, prônant une "posture de modestie et d'écoute " dans le prolongement de son discours de Ouagadougou, en novembre 2017. 

La démocratie avant tout

Depuis août 2022, l'armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les gouvernements de transition au pouvoir dans ces deux pays, après avoir quitté en décembre la Centrafrique. Forte du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais sur les réseaux, Moscou dame le pion à Paris dans sa sphère d'influence historique. Emmanuel Macron entend désormais s'appuyer sur la société civile et les diasporas africaines en France pour tourner la page de la "Françafrique", longtemps faite de liens troubles et de soutien à des potentats locaux. "Notre intérêt, c'est d'abord la démocratie", a-t-il martelé, promettant aussi de "défendre les intérêts" économiques français là où nombre de pays, de la Chine à la Turquie, avancent à visage découvert. L'exercice s'annonce délicat au Gabon où l'opposition l'accuse d'"adouber" à travers sa visite le président Ali Bongo, probable candidat à sa réélection cette année. Ce dernier l'accueillera dès mercredi soir pour un dîner, suivi d'une séquence jeudi dans le cadre du sommet One forest sur la préservation des forêts tropicales.

A rebours

Emmanuel Macron se défend de toute démarche "politique" et assure que l'unique but de sa visite est le sommet sur les forêts du Bassin du Congo, premier poumon de la planète selon l'Elysée, désormais menacé par la surexploitation agricole. Idem à Luanda, en Angola, pays pétrolier de premier plan, où il signera le 3 mars un partenariat pour la filière agricole. Le chef de l’Etat franaçais fera ensuite une brève escale à Brazzaville où le président Denis Sassou N'Guesso l'accueillera. La République démocratique du Congo, ex-colonie belge, mais aussi le plus grand pays francophone du monde, lui offrira une meilleure opportunité pour dérouler sa vision de l'Afrique. Mais là aussi, le président Félix Tshisekedi se prépare à une échéance électorale cette année et l'opposition ne voit pas d'un bon oeil cette visite. Le président français sera aussi très attendu sur la crise dans l'Est du pays, où le Rwanda est accusé de soutenir la rébellion du M23 et où il a tenté, en vain, une médiation.

 

Noël Ndong
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