Le dernier rapport de "Geneva center for business and human rights" invite clairement les multinationales à soutenir sans hésitation les efforts de formalisation au lieu d’éviter d’acheter le métal issu de ce secteur. Avec une capacité de produire plus de 70 % du cobalt utilisé dans les batteries rechargeables à travers le monde, l’artisanat small-scale mining est une réalité commerciale difficile à éluder en République démocratique du Congo (RDC).
Le débat est parti de la récente publication du "Geneva center for business and human rights" sur un secteur bien difficile à dompter depuis des lustres. Pourtant, les chiffres montrent combien le pays devrait mettre du sérieux dans la formalisation de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle. Un secteur capable de contribuer de 15 à 30 % à la production de cobalt en RDC. Au niveau mondial, il représente plus de 10 % de la production. Mieux, il fournit plus de 70 % du cobalt utilisé dans les batteries rechargeables à travers le monde. L’autre particularité est l'opportunité d’emploi offerte à des centaines de milliers de mineurs. Dans certaines provinces minières comme le Kivu, le secteur a évincé la vocation traditionnelle portée jadis sur l’agriculture pour devenir une véritable attraction. Le rapport précise que l’artisanat minier et à petite échelle génère plus d’emplois que l’exploitation industrielle.
En partant des chiffres, on comprend la nécessité de ne considérer l’artisan minier comme un acteur potentiel de l’exploitation minière dans le pays, et non plus comme un simple profiteur. Pourtant, cette évidence est loin de convaincre les nombreuses entreprises utilisatrices de cobalt. Le rapport regrette le fait que ces entreprises rechignent toujours de s’approvisionner en ce métal chez des mineurs artisanaux. On leur reproche, notamment, le manque de respect des règles de sécurité et le travail des enfants dans les mines.
Aujourd’hui, la réalité commerciale du cobalt artisanal doit pousser à faire évoluer certaines habitudes. Le plus grand défi des multinationales est d’encourager la formalisation de l’exploitation minière artisanale en RDC, précise le rapport. Cela passera, par exemple, par l’application stricte des normes fondamentales en matière de droits humains pour le processus d’extraction. Le pays ne sera pas à sa première expérience car, sur le site de Mutoshi, dans le Lualaba, il y a eu des résultats très encourageants d’un projet pilote de formalisation de l’exploitation artisanale du cobalt entre 2018 et début 2020. Une importante clôture de sécurité combinée à l’utilisation des cartes d’identité spéciales a permis de limiter l’accès à 5000 mineurs par jour. Sur le terrain, il n’a été signalé aucun cas de décès et d’ivresse sur le site. Par ailleurs, on note également la pleine intégration des femmes dans la formalisation de Mutoshi. Malheureusement, depuis la fin de la formalisation en mars 2020, il y a eu sept décès attribués au travail, la plupart liés aux constructions de tunnels sur le site.
La pression de la demande en cobalt va s’accroître par quatre d’ici à 2030 et les opportunités ne sont pas négligeables pour le pays. Il deviendra impérieux pour la RDC de disposer des ressources et des capacités de production nécessaires pour répondre à l’essentiel de cette demande.