La France est désormais un interlocuteur neutre sur le continent, a assuré jeudi Emmanuel Macron au Gabon où il a participé à un sommet sur la protection des forêts tropicales, au commencement d'une tournée de quatre jours dans la région.
"Cet âge de la Françafrique est bien révolu et j'ai parfois le sentiment que les mentalités n'évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j'entends, je vois qu'on prête encore à la France des intentions qu'elle n'a pas, quelle n'a plus", a dit Emmanuel Macron, devant la communauté française du Gabon, en soulignant, par ailleurs, que la réorganisation militaire française qu'il avait annoncée lundi dans un discours à Paris n'est ni un retrait ni un désengagement.
Le président français a participé à Libreville à un sommet baptisé One forest summit, co-organisé par la France et le Gabon et destiné à trouver des solutions concrètes pour la conservation des forêts, la protection du climat et des espèces dans un contexte de dérèglement climatique. Une réunion qui n'aura "pas pour objectif de faire adopter de nouvelles déclarations politiques", ont souligné par avance les organisateurs mais a vocation à mettre en application les objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat (2015), qui vise la neutralité carbone en 2050, et la COP15 de Montréal sur la biodiversité (2022) tendant à sanctuariser 30% de la planète d'ici à 2030 pour protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique.
Le président Denis Sassou N'Guesso ainsi que Faustin Archange Touadéra, Mahamat Idriss Déby Itno ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo ont fait le déplacement. Les présidents français et gabonais concluront le sommet par deux discours en fin de journée.
Influence décroissante
C'est le dix-huitième déplacement d'Emmanuel Macron en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017, où l'influence et la présence française sont de plus en plus remises en question.
Depuis 2022, l'armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Mardi, au lendemain du discours du président français sur l'Afrique, le Burkina a également dénoncé un accord d'assistance militaire signé avec la France en 1961, l'année d'après l'indépendance du pays, auparavant colonie française.
Emmanuel Macron avait exposé lundi depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre ans à venir prônant "l'humilité" et encourageant un nouveau partenariat "équilibré" et "responsable" avec les pays africains. Il a également annoncé une réduction de la présence militaire française, concentrée depuis dix ans sur la lutte contre le jihadisme au Sahel.
Après le Gabon, le président français se rendra en Angola où il signera un accord visant à y développer la filière agricole, puis passera quelques heures au Congo avant de rejoindre Kinshasa où il conclura sa tournée. Cette étape peut s'avérer délicate alors que la France est accusée en République démocratique du Congo de prendre le parti du Rwanda.