Intelligente et ambitieuse, avec sa marque de produit "Ayeli", la jeune entrepreneure congolaise Julie Massembo prône le "Made in Congo". Elle brise les stéréotypes de l’entrepreneuriat féminin au Congo. Agée de 27 ans et titulaire d’un master en ingénierie industrie alimentaire, elle a lancé sa marque de produits qui est le fruit des expériences passées dans différentes entreprises. Entretien.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : D’où vous est venue l’idée de créer la marque "Ayeli" ?
Julie Massembo (J.M.): Il faut déjà savoir qu’ayant fait des études dans le domaine de l’industrie alimentaire, je suis particulièrement passionnée par la transformation alimentaire. Ce qui m’a poussé à créer cette marque alimentaire c’est beaucoup plus la période covid-19 et le confinement. Avec la fermeture des frontières, certaines denrées alimentaires ont connu une augmentation de prix. Là où j’étais en Tunisie, en dernière année de mes études supérieures, je réfléchissais beaucoup sur des projets et initiatives que je pourrai apporter à mon pays, après obtention de mon diplôme, sachant que j’ai toujours été intéressée par l’entrepreneuriat et l’industrie alimentaire. En 2021, je parcourais souvent les rayons des supermarchés et le constat était toujours le même : tous les produits infantiles étaient importés. Il manquait sur le marché congolais une marque locale pouvant répondre à la demande en cas de rupture de stock. D’où l’initiative de me lancer dans le « Baby food made in Congo » avec Ayeli. C’est à la fin de mon stage, en octobre dernier, que j’ai lancé officiellement ‘’Ayeli’’ le 14 novembre lors de notre première semaine de dégustation.
L.D.B.C. : Quelle est la particularité de cette marque ?
J.M.: La particularité est qu' "Ayeli" se positionne comme la première marque congolaise produisant et commercialisant sur le marché congolais des petits pots pour enfants. Ayant analysé le marché, nous remarquons que nous sommes la première structure à proposer ouvertement des produits totalement naturels sans conservateurs chimiques ajoutés. La bonne santé des enfants étant une priorité pour nous, nous nous engageons à limiter les dangers. Nous nous positionnons sur un rayon frais. Pour bien piloter la production, nous sommes accompagnées des spécialistes dont une nutritionniste ainsi qu’un laboratoire d’analyses, auprès duquel nous faisons nos analyses microbiologiques pour garantir une bonne qualité de notre produit.
L.D.B.C. : Dans ce marché fortement dominé par les produits étrangers, quelle est alors la stratégie que vous avez mise en place pour promouvoir les vôtres ?
J.M.: En tant que Congolais, nous avons le devoir de produire et consommer congolais, tel le promeut la plateforme « Je consomme congolais ». Comme nous travaillons avec les producteurs agricoles locaux, nos produits sont bio et faits localement. Notre stratégie a pour base la proximité et le patriotisme. La proximité, parce que nous faisons les descentes sur le terrain, nous visitons notre communauté, les parents qui nous suivent et acceptent de faire consommer nos produits aux enfants. De plus, il faut retenir qu’avec "Ayeli", nous ne visons pas que de simples ventes, mais aussi une approche beaucoup intéressante de promouvoir la bonne alimentation de l’enfant.
L.D.B.C. : Pour la journée du 8 mars, quel a été le message que vous avez adressé aux femmes ?
J.M. : A nous chères femmes, sachons que 24% des femmes sont entrepreneures dans le monde, dont des Africaines. En Afrique, il n’est pas possible de parler d’entrepreneuriat sans recourir à un visage féminin ou modèle de réussite féminine, car les Africaines sont de plus en plus entreprenantes aujourd’hui. La journée du 8 mars n’est pas qu’une simple journée de fête, mais également celle pour nous rappeler à quel point nous sommes braves, fortes et capables d’entreprendre tout ce que nous voulons en y osant. Mon message a été de solidarité, d’encouragement et d’admiration à toutes les Africaines, les Congolaises en particulier. A ces femmes qui luttent continuellement contre les défis de tout genre, à savoir les violences, les stéréotypes de genre, n’oublions pas que nous nous sommes des piliers de nos communautés. Ainsi donc, des actrices importantes du développement de notre continent. Ne sous-estimons pas notre contribution et notre leadership.