Lutte contre le contre le cancer en Afrique : l’OMS alerte les gouvernements et les experts de la santé sur l’augmentation des cas de maladies non transmissible

Jeudi, Mars 30, 2023 - 09:45

Inquiète de la recrudescence des cas de maladies non transmissibles (MNT), telles que les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires chroniques, le diabète et l’obésité, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié le 29 mars, les résultats de son enquête sur la question. L’expertise souligne que, ces maladies tuent environ 41 millions de personnes par an dans le monde et 77% de ces décès se produisent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Et, ce chiffre devrait doubler d’ici 2030 si le statu quo actuel est maintenu.

Selon le document de l’OMS, en Afrique les MNT sont actuellement responsables de 37% des cas de décès  soit  environ 24% de cas enregistrés depuis l’année 2000. Et, le cancer est l’une des trois principales maladies à l’origine de cette augmentation qui a occasionné plus de cinq cent mille décès en 2020.

« Il est probable que ce chiffre très alarmant puisse doubler d’ici 2030, si le statu quo actuel est maintenu et que les mesures  ne sont prises à temps », alerte l’OMS, en soulignant que, comme dans le cas d’autres MNT, de nombreux cas de cancer pourraient être évités si on pouvait s’attaquer aux facteurs de risque comportementaux, dont le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et l’obésité, qui contribuent à plus de 40 % des décès liés à un cancer dans le monde. 

27% des cancers associés aux infections repéré En Afrique  

L’expertise de l’institution onusienne, précise qu’en Afrique, les cancers associés aux infections représentaient environ 27% de l'ensemble des cancers depuis 2018, soit un taux le plus élevé de toutes les régions surveillées par l'Organisation mondiale de la santé. Mais, parmi les mesures à prendre, figure la vaccination généralisée contre le virus du papillome humain (VPH) qui cause la plupart des cancers du col de l'utérus et contre l'hépatite B, qui avec l'hépatite C, contribuent au cancer du foie. En outre, de nombreux cancers fréquents, tels que le cancer colorectal, du sein, de la prostate et du col de l'utérus, peuvent désormais être traités avec succès s'ils sont détectés à un stade précoce. Mais, ces cancers restent parmi les plus meurtriers en Afrique. D’autant plus, les patients sont généralement diagnostiqués trop tard et à un stade avancé de la maladie et ne vont pas au bout de leur traitement.

« De multiples raisons expliquent cette conjoncture, dont l’absence de prise en charge des frais médicaux par les systèmes de santé, des obstacles socioculturels et un manque de financement chronique qui empêchent les agences de santé publique africaines de fournir des services et des soins de qualité en temps voulu. Par ailleurs, de nombreux pays africains n’ont pas les ressources, les infrastructures et les personnels qualifiés pour mettre en œuvre des programmes efficaces de dépistage et de vaccination de la population. Et malgré, les progrès réalisés ces dernières années, de nombreux pays n’ont pas accès à des services de diagnostic et de traitement sûrs et au moment opportun », spécifie encore le rapport, tout en précisant que les disparités régionales constituent un autre problème majeur, étant donné que les patients atteints d’un cancer doivent souvent parcourir de longues distances pour se rendre dans les centres de traitement, généralement situés dans les zones urbaines. Et devoir trouver un logement et gérer les problèmes de travail ou de garde d'enfants peut dissuader de nombreux patients d'effectuer des dépistages de routine ou de suivre un traitement.

« Lorsque les soins sont disponibles, les normes socioculturelles peuvent dissuader les malades d’en bénéficier. Par exemple, la stigmatisation sociale liée aux cancers gynécologiques décourage de nombreux malades de se faire soigner. De même, un certain fatalisme face au cancer conduit de nombreuses personnes à penser qu’un diagnostic positif est une condamnation à mort et que tout traitement est futile », ajoute encore l’OMS.

Les taux de survie des malades d’un cancer dans les pays à revenu faible, une catastrophe

L’OMS fait savoir aussi dans son rapport que, les taux de survie des malades d’un cancer dans les pays à revenu faible ou intermédiaire sont catastrophiquement bas comparativement à ceux des pays à revenu élevé. Par exemple, le taux de survie à 5 ans d’un cancer du sein est supérieur à 84% dans ces pays et chute de 40 à 60 % dans les pays développés. Le même constat peut être fait pour le cancer colorectal, avec un taux de survie de 76% et de moins de 25 % respectivement. Et, en raison des faibles taux de vaccination contre le papillomavirus et de l'absence de tests efficaces, les pays à revenu faible ou intermédiaire enregistrent 90% de tous les décès dus au cancer du col de l’utérus.

La nécessité d’une action urgente, attendus des pays africains

En Conclusion, le rapport souligne la nécessité pour les gouvernements africains d'investir dans la recherche et la collecte de données locales afin de soutenir et de développer des programmes de détection et de traitement du cancer efficaces. Ceci, en termes de ressources adaptées aux besoins spécifiques et aux capacités de financement de leurs pays.

« Nous recommandons aux gouvernements de commencer à réfléchir à des moyens novateurs d'étendre la couverture universelle des soins de santé afin d'y inclure des programmes de lutte contre le cancer, avec notamment un diagnostic précoce, des traitements ciblés et les soins de support. Le Kenya, le Nigeria et d'autres pays africains ont déjà lancé des initiatives visant à élargir l'accès aux soins dans ce domaine. En mobilisant le soutien international et en impliquant les parties prenantes locales », ajoute le rapport en concluant que le diagnostic en soi ne suffit pas. La capacité d'intervention des systèmes de santé est essentielle, et les infrastructures et les personnels qualifiés nécessaires au traitement des cancers détectés doivent être développés parallèlement à tout diagnostic précoce.

Rock Ngassakys
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