Le « Plan de réponse humanitaire 2023 » est chiffré à quelque 2,25 milliards de dollars américains. Selon le Bureau de coordination humanitaire des Nations unies , l’objectif est de venir en aide aux personnes affectées par les conflits, les épidémies et les catastrophes naturelles, principalement dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Des témoignages poignants se succèdent sur le calvaire vécu par les déplacés internes et des déplacés retournés. Moins médiatisés, les groupements locaux qui les accueillent sont à bout de souffle.
Plusieurs provinces situées dans l’Est de la RDC, dont le Nord-Kivu, l’Ituri et le Sud-Kivu, font face à la recrudescence des violences des groupes armés depuis de nombreuses décennies. Les répercussions sont terribles sur le plan humanitaire, comme le montrent, d’ailleurs, les derniers chiffres en notre possession. On estime le nombre de personnes déplacées internes à plus de 5 millions, dont 51 % de femmes. Entre janvier et juillet 2022, il y a eu plus d’un million de personnes en situation de déplacement interne.
Tel l’affirme le Bureau de coordination des Nations unies, la majorité des déplacements, plus de 80 % exactement, sont la conséquence des attaques directes et autres affrontements armés. Les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ont accueilli le plus grand nombre de personnes retournées au courant 2022. Sur le terrain, l’action humanitaire montre quelques limites. L'année dernière, les acteurs humanitaires n’ont réussi à mobiliser que 48 % de 1,88 milliard de dollars américains nécessaires pour répondre aux besoins des déplacés internes. Par conséquent, l’assistance n’a été possible que pour 5 millions de bénéficiaires alors que 8,8 millions étaient ciblés.
Au niveau des conditions de vie des déplacés internes, il y a un aspect souvent très négligé : le triste sort des groupements locaux. Dans notre collecte d’informations sur les mouvements de déplacés au cours des derniers mois, nous avons pu nous enquérir de la situation du groupement de Buzi. En décembre dernier, le Conseil local de sécurité de cette localité a décidé de fermer le camp de déplacés à Ruhuha. Il s’agit de faire face à une situation littéralement explosive. Le Parlement local des jeunes de Buzi évoque la présence, depuis mi-février, des déplacés de guerre venant de plusieurs localités de l’Est du pays, notamment Rutshuru, Saké, Kitchangaweso, Rubaya, Ngungu, Kiroriwe, Nyamitaba, Mpati, Matanda, Muchaki, Maima, Kihindo, Buhunga, Mahoma et Shasha. En une journée, le groupement de Buzi à lui seul avait accueilli plus de 7 357 rescapés. « Nous vivons une véritable inondation, avec plus de 19 000 ménages en groupement de Buzi », avaient-ils indiqué. D’où son appel en direction des organisations non gouvernementales locales et internationales pour venir en aide à cette population en détresse : « Ces personnes passent la nuit à la belle étoile, les églises ou les familles d’accueil. Elles n’ont pas à manger ni d’habits pour se vêtir. Il leur faut des médicaments pour se soigner et surtout de l’eau pour survivre », indique-t-on.