Le gouvernement a prorogé la période d’exemption jusqu’au 31 décembre 2023. La mesure annoncée le 15 avril intervient dans un contexte de flambée généralisée des prix à Kinshasa et même en provinces. En effet, le 18 avril, la Primature a reçu le Caucus des députés nationaux élus du Haut-Katanga pour apporter des réponses claires sur la stratégie de son gouvernement contre l’envolée des prix dans la première économie rd-congolaise. Après plus d’une année de recours à ce mécanisme, plusieurs analystes s’interrogent aujourd’hui sur son efficacité.
Officiellement, la mesure de suspension de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) vise à contenir la flambée des prix des produits de première nécessité dans les proportions supportables et préserver le pouvoir d’achat dans un contexte de détérioration de la monnaie nationale. Entre janvier et mars 2023, le segment parallèle du franc congolais s’est dépréciée d’environ 15 % par rapport au dollar américains. Tout naturellement, il y a eu une incidence directe sur le panier de la ménagère au regard du caractère extraverti de l’économie nationale. Plusieurs statistiques crédibles ont annoncé le doublement, voire le triplement des prix des produits de première nécessité sur le marché. Même dans le Haut-Katanga, la première économie du pays en terme de contribution aux recettes publiques, le Caucus des députés nationaux élus ont échangé avec le premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, sur la question de la flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité au niveau local. « Nous avons eu des réponses claires et des réponses rassurantes. En ce qui concerne la flambée des prix, des solutions vont être trouvées », a relevé son président, l’honorable John Banza.
Tout le monde espère des résultats au plus vite pour éviter les remous sociaux à la veille des élections générales. Une année après la suspension de la TVA sur certains produits (environ une trentaine) par des décrets de la Primature datant d’octobre 2022 pour couvrir la période allant du 15 avril 2022 au 15 avril 2023, beaucoup d’analystes tirent aujourd’hui un bilan mitigé. Pour la petite histoire, le gouvernement central a décidé de suspendre la TVA pour préserver le bien-être de la population dans un contexte difficile marqué par la guerre en Ukraine et la covid-19, qui ont contribué à augmenter les prix des produits de base à travers le monde. La mesure a concerné les produits de première nécessité ainsi que certains biens dans les domaines de la cimenterie et de l’immobilier. En outre, elle est arrivée au moment où le Fonds monétaire international s’est inquiété ouvertement d’une fin d’année 2022 difficile pour la RDC, avec une inflation en hausse.
Après une année d’application de la mesure de suspension de la TVA, il a fallu prendre une décision rapide pour rassurer le secteur privé. « Si rien n’est fait à partir du 16 avril 2023, les opérateurs économiques seront dans l’obligation de réintégrer la TVA dans le prix de vente », a mis en garde la Fédération des entreprises du Congo. Cette dernière a invité le gouvernement central à proroger la mesure de suspension de la TVA en date du 23 mars 2023. Les effets de la mesure semblent plutôt intéressants dans certains secteurs de la vie économique. Par exemple, les cimentiers ont vu revenir la demande : « Le projet des 145 territoires exige environ trois millions de tonnes de ciment, soit la capacité de production annuelle de toutes les cimenteries », a expliqué le ministre des Finances, Nicolas Kazadi. Même si les effets sont intéressants, du moins dans certains domaines, il faut convenir avec l’argentier national que le mal reste profond : « Nous ne travaillons pas assez, nous importons 80 % de ce que nous consommons. Dès que les données changent à l’extérieur, on a l’impact sur nous ». Par ailleurs, le pays perd plus qu’il ne gagne. Selon l’Inspection générale des finances, il existe environ 1300 exonérations injustifiées qui font perdre au pays plus de 5 milliards de dollars américains par an. Le débat sur la TVA promet de se poursuivre.