Banque mondiale: le candidat américain Ajay Banga devient président

Jeudi, Mai 4, 2023 - 13:02

Sans grande surprise, étant le seul candidat en lice, Ajay Banga a été élu président de la Banque mondiale (BM), a annoncé dans un communiqué l'institution, à l'issue d'une réunion de son conseil d'administration.

Candidat des Etats-Unis, dirigeant d'entreprises de 63 ans, l'Américano-Indien Ajay Banga a assuré, à plusieurs reprises, vouloir donner la priorité, durant son mandat, au financement de la lutte contre le réchauffement climatique et à la réforme de la BM. Il devrait prendre ses fonctions, pour un mandat de cinq ans, le 2 juin, a précisé la BM. Traditionnellement, la BM est la chasse gardée des Etats-Unis, dont un citoyen l'a toujours dirigée depuis sa création, dans la foulée des accords de Bretton Woods en 1944. Mais cette hégémonie était de plus en plus remise en cause, notamment par les grands pays émergents, Brésil, Chine, Inde et Russie en tête, qui souhaitent, depuis plusieurs années, voir leur place dans les institutions financières internationales se renforcer. Dans un contexte de montée des tensions géopolitiques, la décision américaine de proposer la candidature d' Ajay Banga, qui est né et a grandi en Inde, était tout sauf anodine, alors que les Etats-Unis tentent de se rapprocher de l'autre géant asiatique pour contrer l'influence chinoise dans la région.

Dès sa désignation, Ajay Banga s'est lancé dans une tournée mondiale, visant à promouvoir sa candidature et à obtenir le soutien d'un maximum de pays, en particulier émergents et en développement. Il a ainsi pu compter sur l'Inde, le Kenya ou encore l'Afrique du Sud, qui l'ont soutenu. Mais pas seulement, il a aussi pu compter sur le soutien d'un certain nombre de pays francophones, notamment, comme le rappelait mi-avril l'administrateur de la BM représentant vingt-trois pays africains, Abdoul Salam Bello. "Je pense que la campagne se passe très bien", estimait fin mars un responsable du Trésor américain, ajoutant: "son expérience est vue comme un point essentiel, tout comme sa connaissance du secteur privé et des partenariats entre privé et public, essentiels dans le cadre de la Banque mondiale".

Passer de la théorie à la pratique

"Nous pensons que son expérience sera très importante afin d'aider la BM à renforcer la mobilisation du secteur privé. Lors de notre discussion, il a parlé de solutions pratiques très intéressantes pour renforcer cet engagement du privé ", avait ajouté Abdoul Salam Bello. Dans un contexte où plus d'une soixantaine de pays pauvres et émergents est au bord ou frappé par une crise de la dette, les financements en provenance de la BM et du Fonds monétaire international (FMI) sont encore plus essentiels pour éviter un effondrement de leurs économies nationales. Le plus dur reste cependant désormais à faire pour Ajay Banga, qui devra répondre aux attentes sur deux dossiers brûlants et liés: la réforme des institutions financières internationales, à commencer par la BM, et une montée en puissance du financement de la lutte contre le réchauffement climatique.

D'autant que les besoins sont énormes, comme l'a rappelé à plusieurs reprises le FMI, un minimum de 1 000 milliards de dollars par an sera nécessaire, sur les prochaines années, pour aider les pays émergents et en développement à y faire face. Lors des réunions de printemps, les principaux contributeurs à la BM se sont entendus pour augmenter ses capacités de financement de 50 milliards de dollars sur les dix prochaines années, un effort important mais notoirement insuffisant comparé aux besoins. Afin d'y répondre, Ajay Banga n'a pas caché sa volonté d'embarquer le secteur privé. "Il n'y a pas assez d'argent, que ce soit dans les banques multilatérales de développement, dans les grands gouvernements du monde développé, dans la société civile, même avec les intentions les plus philanthropiques", insistait-il début mars. Parmi les solutions préconisées, Ajay Banga envisageait notamment de repenser l'approche de financement par projets précis, de manière à être plus incitatif à l'égard du secteur privé. Il aura désormais la possibilité de passer de la théorie à la pratique.

Noël Ndong
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