Le projet « Bisalu bia kidzunu » ou « Actions pour la paix », lancé en mai 2021, a été officiellement clos deux ans après sa mise en œuvre, le 9 mai à Kinkala, chef-lieu du département du Pool, par le haut-commissaire à la Réinsertion des ex-combattants, Euloge Landry Kolelas, en présence de l'ambassadeur des États Unis au Congo et du directeur de mission de l'Agence américaine pour le développement international (Usaid), le partenaire financier dudit projet.
D'un montant d'environ 600 millions FCFA, soit 1,2 million de dollars américains, le projet qui portait sur le développement économique de la population de vingt villages des districts de Kindamba et Mayama a touché au total 600 personnes qui ont actualisé l'analyse des conflits et développé des plans d'actions pour le renforcement de la cohésion sociale et la paix, avec la population à travers diverses initiatives.
D'un point de vue global, le projet mis en œuvre par Catholic relief services (CRS) se fixait comme objectifs de renforcer la résilience communautaire et réduire la probabilité des violences futures à travers des activités productrices des revenus au profit de la population, des communautés ciblées ainsi que des ex-combattants.
Son exécution a favorisé la création de près de 121 groupements d’épargne et de crédits internes avec environ 3000 adhérents composés des jeunes, des femmes et des ex-combattants. Il a mobilisé, selon l'évaluation faite, plus de 35 millions FCFA au titre d'épargne et de crédits internes dans les vingt villages concernés.
Outre le premier volet défini, il a également permis la formation de quarante-huit leaders communautaires impliqués et engagés dans la promotion de la cohésion sociale et la gestion des conflits. Parmi les personnes formées dans les deux districts comme ressources locales, 46,6% sont des femmes. De même, quatre-vingts champions de guérison de traumatisme et de promotion de genre ont participé à la sensibilisation des membres de leurs communautés respectives, notamment dans les domaines de la lutte contre les viols, les violences ayant pour base le genre et l'engagement individuel en vue de contribuer à la reconstruction de leurs vies et leurs localités respectives.
Une implication locale saluée
Ce projet a bénéficié de la forte implication des autorités locales des districts concernés, de la commission épiscopale Justice et paix de l’église catholique. Son exécution a débouché sur des résultats probants à la grande satisfaction de la population.
« Au regard des résultats positifs et satisfaisants obtenus dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, mais aussi de l’enthousiasme et de l’intérêt suscité par les activités du projet auprès des bénéficiaires, j’exhorte et encourage les communautés et toutes les parties prenantes à préserver les acquis afin de prouver votre bonne foi auprès des partenaires techniques et financiers », a indiqué Euloge Landry Kolelas.
Louant pour sa part le mérite du projet initié en partenariat avec le gouvernement et l’USAID à l'issue du protocole d'accord signé le 21 juin 2021, à Brazzaville, l’ambassadeur des Etats-Unis au Congo, Eugene Young, a souligné que « Les résultats obtenus sont à la fois une satisfaction qui donne envie de soutenir davantage des projets pour sortir le département du Pool du cycle de la violence en favorisant la population de vivre non seulement en paix mais surtout dignement ».
Selon lui, réussir un tel projet, dans le contexte du département du Pool, est à saluer parce que son aboutissement est le témoignage des efforts consentis par tous les acteurs impliqués.
Poursuivre la dynamique enclenchée à d’autres communautés
Malgré la fin de ce projet, le gouvernement entend poursuivre ses efforts pour la consolidation de la paix dans le Pool et à travers tout le pays. Dans cette perspective, le haut-commissaire à la Réinsertion des ex-combattants tout comme les bénéficiaires ont plaidé pour sa poursuite dans d’autres districts du département.
Il a, à cet effet, saisi l’opportunité pour lancer un vibrant appel de cœur à l’ensemble des partenaires techniques et financiers, particulièrement à l’USAID, pour la mobilisation des fonds additionnels devant permettre de consolider, de pérenniser les acquis de ce projet et de l’étendre dans d’autres localités du Pool.
Une option soutenue par Anne Nzoumba, une ex-combattante, et Mervine Diamoneka qui estiment avoir vu changer leur vie et celle de proches grâce à « Bisalu bia kidzunu ».
« Ce projet a apporté un grand changement au sein de ma communauté et la population y adhère positivement. En ma qualité d'éducatrice, j'ai pu changer le comportement de plusieurs personnes victimes de traumatismes de guerre et autres formes de violences », a témoigné Anne Nzoumba qui plaide pour la poursuite de cette initiative.
Par ailleurs, dans un rapport de fin de mission du projet et après évaluation, les différents acteurs impliqués ont formulé quelques recommandations. Parmi celles-ci l'on note la poursuite des activités d’épargne et de crédits internes ainsi que de cohésion sociale dans les deux districts.