Centre Wallonie-Bruxelles : hommage original de Jean Goubald à Franco

Mercredi, Mai 24, 2023 - 16:35

Inattendu, l’extrait du tube "Chacun pour soi" du Grand maître Luambo Makiadi, habilement incrusté dans Africano, l’un des morceaux préférés du public au concert du 18 mai, a agréablement surpris la salle séduite à nouveau par le répertoire revisité de manière magistrale par six jeunes musiciens talentueux.

Jean Goubald interprétant son répertoire inédit réarrangé par John Mpolesha (Adiac)Ses préférences, la salle le manifeste en premier en répondant en chœur Africano à Jean Goubald, une participation spontanée complétant l'interprétation du tube en pensant ainsi ajouter son grain de sel à la sauce, mais elle est prise au dépourvu. En effet, sans prévenir, l’orchestration change. D’Africano, les instrumentistes passent à Chacun pour soi. L’incrustation subite du tube intemporel de feu Grand maître Luambo Makiadi est très applaudie, personne ne l’avait vue venir. Après le tango Bombe anatomique succédé par Quelle beauté !, vient le second tango de la soirée Emi. La salle se plaît à chanter le refrain mais se trouve de nouveau bluffée par Jean Goubald qui s’amuse et se moque joyeusement de son étonnement et son ignorance, apprenant que la mélodie d’Elou est empruntée à une comptine populaire. Un air que tout enfant kinois a chanté au moins une fois dans sa vie dont Fally Ipupa a, d’ailleurs, fait une reprise dans Eloko oyo, la célèbre phrase « le 2 juillet biso tembe na foire ». La rumba a donc définitivement une place de choix à ce concert acoustique où le guitariste a fait à ses fans des confidences sur ses tubes.Vue partielle des musiciens accompagnant Jean Goubald (adiac)

Une semaine plus tard, on en parle encore au Centre Wallonie-Bruxelles, de ce concert qui avait débuté tout gentiment avec Asala boni ? Ce titre interpellateur sur les laissés-pour-compte de la société, pourtant victimes et accusés à tort ou à raison pour des faits dont « le système » est le vrai coupable, avait juste sagement planté le décor. Mais avec Évé, diminutif d’Évélina qui s’ensuit, le soliste Serge s’emballe. Il se lâche à une série de performances de guitares qu’il mène allègrement, parfois en complicité avec E-Jazz, alors que Milason et Jonathan, à la basse, se montrent plus discrets.

Le refrain d’Enfant soldat, que les mélomanes ont rebaptisé Bayibi nga bomwana, trois mots qui résonnent dans les cœurs et résument au mieux dans leur esprit l’essence de cette composition chantée à l’unisson. C’est un peu la tradition à tous les concerts de Jean Goubald. A la demande du chanteur, la salle ne se fait pas prier en répondant Yele oh ! au ras-le-bol de l’enfant soldat qu’il dit sur un ton désabusé où les mots « J’en ai marre » reviennent souvent.

L’appel de la traditionDescendu de la scène Isaac est couvert de billets en jouant frénétiquement au ditumba (Adiac)

 Isaac jouant son ditumba face à Jean Goubald (DR)Clou de la soirée, le morceau L’Homme qui rend au mieux l’humour du chanteur qui, exprès, emprunte l’accent luba, la langue maternelle de ses parents, a galvanisé la salle. Et, qui plus est, a sorti de sa réserve le batteur de tam tam Isaac. Descendu de la scène avec le ditumba entre les mains, il a fait résonner le fameux tambour traditionnel luba avec frénésie. C’est quasiment toute la salle qui a réagi à cet appel de la tradition jusqu’à couvrir de billets le musicien. Même Catherine Kathungu, la ministre de la Culture, Arts et Patrimoine, s'est prêtée au jeu exprimant de la sorte son ravissement.

Obligé de rajouter des chaises dans la salle remplie à son comble pour faire plus de places, le Centre Wallonie-Bruxelles a tout de même encore refusé du monde. Le public très participatif a pourtant été par moments juste dépassé par l’enthousiasme des musiciens. Deux des quatre guitaristes, plus que le batteur et le percussionniste accompagnant Jean Goubald dans l’exécution des dix titres du répertoire de la soirée acoustique ont littéralement fait le show. La vivacité de Serge, rebaptisé Serge de Mi Amor par Jean Goubald et d’E-Jazz, leur grand enthousiasme communicatif n’avait d’égal que leur adresse à la guitare. D’humeur blagueuse comme à son habitude, usant à volonté de ce grain d’humour dont il ne se départit jamais, Jean Goubald a livré un concert inédit. Orchestrés de main de maître sous la direction artistique de John Mpolesha, les tout nouveaux arrangements du répertoire de l’interprète de Bombe anatomique ont reçu une joyeuse standing ovation.

 

 

 

Nioni Masela
Légendes et crédits photo : 
1-Jean Goubald interprétant son répertoire inédit réarrangé par John Mpolesha /DR 2- Une vue des musiciens accompagnant Jean Goubald /DR 3- Isaac jouant son ditumba face à Jean Goubald /DR 4- Descendu de la scène, Isaac est couvert de billets en jouant frénétiquement au ditumba /Adiac
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