175 États sont réunis à Paris depuis lundi pour négocier un traité contre la pollution plastique mais les négociations achoppent sur une question de méthode. La situation est bloquée.
En cause, un différend sur les règles d’adoption finales du texte. L’Arabie saoudite, plusieurs pays du Golfe ainsi que la Russie, la Chine, l’Inde ou encore le Brésil refusent que le futur traité soit approuvé par un vote à la majorité des deux tiers si jamais un consensus n’était pas trouvé. En face, une majorité de pays défend le vote comme ultime recours, ce qui permettrait de passer outre à une minorité de blocage. Le sommet doit se dérouler jusqu’au 2 juin.
La plénière a été levée, le 30 mai, en début de soirée, et un groupe informel a été chargé de poursuivre les échanges avec le mandat de trouver une issue permettant aux négociations de démarrer le lendemain. « Nous passons à côté de ce qui nous réunit ici, à savoir la pollution plastique », avait tonné, le 30 mai matin, Camila Zepeda, de la délégation mexicaine. « Nous perdons du temps et de l’énergie dans des discussions qui tournent en rond […] Passons à l’essentiel », avait-elle réclamé. « C’est le droit des États membres de faire des suggestions » et « nous ne sommes pas favorables à la définition erronée du consensus de certains États », avait rétorqué un diplomate de l’Iran, pays lui aussi opposé. « La stratégie de certains pays est de retarder les débats », estimait Joan-Marc Simon, directeur de Zero Waste Europe, « car si on veut un traité ambitieux qui porte sur l’ensemble du cycle de vie du plastique, cela va prendre du temps à négocier ».
« Cela fait maintenant deux jours que le traité mondial sur les plastiques est bloqué par une coalition de pays réticents, dirigée par l’Arabie saoudite », a abondé, mardi soir, Graham Forbes, un responsable de Greenpeace. « Nous demandons aux pays d’arrêter de perdre du temps et de commencer à discuter des questions essentielles pour résoudre la crise de la pollution plastique », lançait-il. Le monde produit toujours davantage de plastiques : 234 millions de tonnes en 2000, contre 460 en 2019, selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques de février 2022. Et seulement 9 % des déchets sont recyclés dans le monde. L’Organisation des Nations unies espère trouver un accord d’ici à la fin de l’année 2024 avec la mise en place d’un instrument international juridiquement contraignant qui interdise certains plastiques, établisse des critères pour la conception, la collecte et le recyclage.