Interview. Éric Kalala : « Nous sommes une force de proposition en matière de gestion du fret au niveau des aéroports »

Jeudi, Juin 8, 2023 - 11:55

Originaire de la République démocratique du Congo (RDC), Éric Kalala, président directeur général d’Africa Global Logistics depuis plusieurs années pour ce pays, a participé à Africa CEO Forum qui s’est tenu dernièrement à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il s’est prêté au Courrier de Kinshasa pour parler des investissements réalisés par ce groupe en RDC ainsi que des projets futurs. Entretien. 

Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Vous êtes président directeur général d’Africa Global Logistics. Quel est le périmètre de vos fonctions en RDC ?

Éric Kalala (E.K.) : Mes fonctions couvrent toute la RDC où nous avons une entité juridique présente depuis 1953. Nous sommes devenus, au fil du temps, le principal acteur logistique sur le pays. La RDC est un vaste pays, c’est le deuxième plus grand pays du continent avec plus de 95 millions d’habitants pour une superficie de 2 345 millions de km². Nous sommes organisés en trois corridors : le corridor centre-Ouest qui a pour débouchés essentiels les ports de Matadi et Pointe-Noire ainsi que le port de Luanda via la frontière de Lufu ; le corridor de Goma qui est couvert par deux corridors qui passent par les ports de Dar-es-Salaam et Mombassa; et le corridor Sud avec Lubumbashi pour centre, qui est essentiellement la zone minière desservie par cinq ports : Beira, Durban, Waldys bay, Lobito et Dar-es-Salaam.

L.C.K. : Vous êtes passés de Bolloré Transport & Logistics à Africa Global Logistics, y a-t-il des changements concrets ou s’agit-il simplement d’un changement de nom ?

E.K. : On part du groupe Bolloré au groupe MSC. Le changement est réel avec des ambitions différentes d’un groupe à un autre. Chez MSC, au-delà des résultats, il y a une forte volonté d’investir et l’attachement à la personne. Nous avons préservé les emplois en gardant 100% de notre personnel. Puisque l’économie du pays est en forte croissance, nous voulons participer à cette croissance avec nos équipes. Nous sommes dans une dynamique positive, on espère engager plus de collaborateurs.

L.C.K. : Combien d’emplois avez-vous créés dans le pays ?

E.K. : Comme toute entreprise, nous avons des emplois directs et indirects. Nous avons plus de 700 collaborateurs dont 650 en contrat à durée indéterminée et 99,9% de nos effectifs sont des Congolais. Au-delà des emplois, nous menons une forte politique de Local content pour accompagner nos fournisseurs locaux dans la création de richesse. Nous travaillons également avec nos partenaires de façon à les aider à être à la hauteur des standards du groupe.

L.C.K. : Quelle est votre politique RSE ? Pensez-vous que la mise en œuvre de cette politique soit indispensable pour la RDC ?

E.K. : La RSE est un volet essentiel pour nous, pour les parties prenantes, pour le groupe dont nous faisons partie et pour le pays. Car nous jouons un rôle vis-à-vis de la société. Elle permet de montrer la meilleure image possible de la RDC en participant aux salons et forums, en accompagnant l’émancipation de la jeunesse par la formation, l’entrepreneuriat et l’appui des actions solidaires au profit de la population.

L.C.K. : Quelles sont vos plus grandes difficultés dans la logistique ?

E.K. : Le pays souffre de la pauvreté des infrastructures, ce qui rend la logistique plus complexe. Du coup, la logistique est essentielle pour le développement des projets économiques présents et futurs en RDC et l’expertise des équipes d’AGL est indispensable. Notre présence en RDC remonte à plusieurs années, nous en avons mis à profit pour être un acteur majeur et consolider nos ressources tant matérielles qu’humaines.

L.C.K. : Auriez-vous des projets d’investissement dans un secteur particulier ?

E.K. : Il faut commencer par comprendre le projet des entrepôts à valeur ajoutée. Au niveau de la RDC, nous sommes les seuls à disposer de 1000 m² d’entreposage à valeur ajoutée à température dirigée. Nous gérons les stocks principaux des médicaments sur les programmes de VIH, paludisme et tuberculose et nous travaillons de concert avec les partenaires associés. Nous jouons un rôle essentiel dans l’architecture du système de santé. Dans un pays où les problématiques en matière de santé sont un défi quotidien, il faut anticiper les besoins de manière proactive. C’est pour cela que nous allons investir 6.3 millions de dollars dans cette solution d’entreposage afin de doubler nos capacités passant ainsi de 1000 à 2000 m².

L.C.K. : Quel sera l’impact de ces investissements pour la population de la RDC ?

E.K. : Ils permettent de garantir la disponibilité, la traçabilité, la qualité du médicament et d’assurer un meilleur prix. Nous travaillons également à réduire significativement la perte du médicament et les temps d’approvisionnement pour contribuer à la réduction du coût de celui-ci. Nous sommes certifiés GPD (Good practice of distribution) qui mesure la qualité de la chaîne de distribution. Ce qui garantit la préservation des principes actifs des médicaments mis à la disposition de la population. La traçabilité nous garantit la possibilité, en cas de problème, d’avoir avec exactitude du lieu de livraison du lot dit « problématique » pour prendre des mesures immédiates. Ces investissements nous maintiennent à la pointe de la technologie.

L.C.K .: Parlons défis de l’aérien, quelle est votre position sur le marché aujourd’hui et quelles sont vos problématiques ?

E.K. : Nous sommes leader sur ce marché et seul opérateur agréé au niveau sûreté par l'Organisation de l' aviation civile internationale et l’Autorité de l’aviation civile congolaise. Nous travaillons spécialement en tant que GSA (General sales agent, pour commercialiser le fret) et GHA (Ground handling agents - Agents d'escale ou d’assistance au sol) au profit des compagnies aériennes telles Air France, Brussels Airlines, Éthiopian et Lufthansa. Tout ceci témoigne d’un gage de sécurité sur la gestion du fret et de qualité de service délivré aux clients. Nous sommes une force de proposition pour les instances étatiques afin d’améliorer la gestion du fret au niveau des aéroports de N'Djili, Lualo et Goma. Il y a des projets en cours pour améliorer ces sites et augmenter leurs capacités. Le fait que nous ayons des agréments fait de nous un partenaire idéal pour accompagner cette transformation. D’où notre volonté d’investir dans ce secteur pour s’arrimer au développement des infrastructures mené dans le pays.

 

 

Propos recueillis par Alain Diasso
Légendes et crédits photo : 
Éric Kalala, président directeur général d’Africa Global Logistics
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