Où en est-on avec le dossier relatif aux irrégularités décelées dans le fichier de la paie des agents et fonctionnaires de l'État ?
La question taraude les esprits lorsqu'on sait que le rapport de mission effectuée, en son temps, par l’Inspection générale des finances (IGF) à ce sujet a révélé de nombreux cas de fraude dont les auteurs étaient susceptibles des poursuites judiciaires. Des cas des doublons aux faux numéros matricules en passant par l’alignement des agents retraités, fictifs ou décédés ou de nouvelles unités inconnues des services, etc. ont été mis à nu. Bien plus, il a été révélé que des agents chargés du traitement de la paie étaient eux-mêmes aussi impliqués dans ce réseaux mafieux. L'IGF a, pour ainsi dire, effectué un travail de titan censé servir de base dans la perspective de l'élaboration d'un nouveau fichier de paie nettoyé et fiable. Aussi, les 148 milliards de francs congolais, soit 69 millions USD, que perd mensuellement le Trésor public du fait de ces irrégularités pourront retourner dans le circuit financier légal pour répondre aux impératifs du développement.
Toutefois, il s'avère que depuis la période où le rapport de l'IGF a été rendu public et transmis officiellement au vice-Premier ministre de la Fonction publique, le processus semble être à l'arrêt. Et pourtant, il était convenu d'arrêter cette saignée financière par l'application d'une série des mesures strictes. Des contrôles mixtes devront dorénavant être menés par l'IGF et l’Inspection générale de l’administration publique auprès de certains services publics qui émargent au budget annexe. Dans la foulée, le ministère de la Fonction publique était astreint d'initier des travaux de numérisation et d’identification du personnel de l'administration publique pour permettre d’avoir un fichier sur la base des nouvelles données. Jusqu'à ce jour, personne ne sait dire avec précision à quel niveau d'exécution se situe ces différentes recommandations. Il en est de même de la mise à la disposition de la justice des incriminés tombés sous le coup de la loi. Là-dessus, il nous revient que la liste de 961 agents de l’État impliqués dans ce réseau mafieux avait été transmis aux instances judiciaires et que certains cas d'irrégularités faisaient déjà l'objet d'une désactivation sur les listes de paie.
Entre-temps, Dieu seul sait si les banques saisies par le parquet général de Kinshasa/Gombe pour geler les avoirs des agents incriminés se sont déjà exécutées quant à ce. Autant d'interrogations qu'inspire cette situation déplorable et monstrueuse au moment où le gouvernement fait face à d’énormes charges publiques. La justice est donc appelée à faire son travail. Les investigations doivent s’étaler, s'il en faut, sur une longue durée pour assainir l'administration publique. Rappelons que du rapport de l'IGF, il en découle, entre autres, que plus de 40.000 agents sont payés sans que leurs noms ne figurent sur les listes déclaratives provenant des services qui les emploient, tandis que plus de 90.000 agents partagent le même numéro matricule avec d'autres agents également payés. Comme quoi, le mal financier, qui ronge la République au point de ternir son image et vider ses caisses, nécessite un remède efficace, sans complaisance.