Depuis plusieurs années maintenant, le changement climatique bouleverse les saisons partout sur la planète. Et pour les experts climatiques, il ne fait aucun doute que ce sont les activités humaines, notamment industrielles, avec les émissions de gaz à effet de serre qui sont les causes principales du changement climatique qui ne cesse d’augmenter.
Ces huit dernières années, les scientifiques ont délivré les rapports des trois groupes de travail sur la connaissance du climat, sur l’adaptation au changement climatique et sur l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (2022). S’y ajoutent trois dossiers sectoriels remis à la demande des 195 Etats signataires de la « Convention internationale sur le changement climatique : les changements à craindre quand la température atteindra 1,5°C (2018), l’impact sur les terres et l’agriculture (août 2019), et le rapport spécial sur les océans et la cryosphère (septembre 2019).
Pour la communauté scientifique, il ne fait plus de doute que les effets du changement climatique sont déjà ressentis par les humains. Entre 1850 et 2019, l’homme a rejeté dans l’atmosphère 2400 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) et autres gaz à effet de serre. La température mondiale a augmenté en conséquence en moyenne de 1,1°C (1,59°C sur les continents et 0,88°C dans les océans). Pour la seule année 2019, l’humanité a émis 59 milliards de tonnes de CO2. C’est 12% de plus qu’en 2010 et 54% de plus qu’en 1990. La plus grosse part provient de la combustion des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) devant les émissions de méthane (industrie, extraction minière, élevage). On n’a jamais émis autant de gaz à effet de serre qu’entre 2010 et 2019 et dans ce tableau ne figure qu’une seule relative bonne nouvelle. Le taux de croissance annuel lors de la dernière décennie s’établit à 1,3%. Il est plus faible qu’entre 2000 et 2009 (2,1%).
Les émissions de gaz à effet de serre doivent commencer à diminuer maintenant
C’est le premier message des scientifiques : les émissions doivent commencer à décroître fortement dès aujourd’hui pour éviter les scénarios catastrophes induits par une hausse des températures supérieures à 2°C. A la fin de la décennie, les émissions devront avoir diminué de 50% si l’on veut rester en dessous des 1,5°C, ce qui implique une sortie rapide du pétrole, du gaz et du charbon. Les impacts climatiques sont déjà ressentis par une large partie de l’humanité, une affirmation qui là aussi ne figurait pas dans le rapport de 2014. Les tempêtes plus puissantes et destructrices, les sécheresses prolongées, les fortes vagues de chaleur sont provoqués par le changement climatique.
Le deuxième message, c’est que la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre est possible. Toutes les solutions techniques sont disponibles et elles peuvent être mises en œuvre pour l’ensemble de la population mondiale, les plus pauvres compris puisque les ressources financières existent. Le rapport note ainsi que des solutions comme l’énergie solaire et éolienne, l’électrification des systèmes urbains, l’efficacité énergétique, les infrastructures vertes, la réhabilitation des forêts, de zones humides, de terres agricoles commencent à se concrétiser. Ainsi, entre 2010 et 2019, les coûts du photovoltaïque ont diminué de 85%, ceux de l’éolien de 55%, les batteries lithium-ion de 85% ce qui a accéléré leur déploiement. La puissance installée en solaire a ainsi été multipliée par dix lors de la dernière décennie.
Le troisième message, c’est qu’il faut donc combler rapidement le fossé actuel entre les promesses des Etats d’agir pour réduire les émissions dans le cadre de l’Accord de Paris et la réalité des efforts à entreprendre. En l’état actuel des « contributions déterminées au niveau national » que les Etats ont remis au secrétariat de la Convention sur le climat pour décrire l’ampleur de leur action, la hausse des températures devrait être comprise entre 2,7 et 3°C à la fin du siècle, soit près du double de l’objectif de 1,5°C. En finir avec l’utilisation des énergies fossiles implique des mutations profondes de l’économie mondiale et une modification des modes de vie individuels vers plus de sobriété qui effraie la plupart des responsables politiques en activité.
Les questions environnementales représentent aujourd’hui un enjeu stratégique pour nos sociétés et de ce fait pour les entreprises. Longtemps subordonnée aux besoins de l’activité économique et considérée comme un ensemble de ressources illimitées, l’environnement apparaît aujourd’hui comme une préoccupation collective qui doit être intégrée aux activités productives.