Vernissage Riac 2023 : trois artistes en herbe à l’ouverture

Vendredi, Septembre 15, 2023 - 13:16

La 10édition des Rencontres internationales des arts contemporains (Riac) qui est axée sur la durabilité, l’environnement et l’eau, a donné l’opportunité à plusieurs artistes nationaux et internationaux, de participer à l’ouverture du vernissage collectif qui s’est tenu, le 6 septembre, dans le hall de l’Institut français du Congo.

Il s’agit des artistes Mirna Kitombo, photographe (Congo), de Pierre Man’s, photographe et performeuse (Congo-France) et de Jérémie Libenge, plasticien (RDC). Chacun dans leurs domaines, ils ont partagé leur univers au public.

Autodidacte, Mirna Kitombo est un artiste qui mène depuis quelques années des recherches sur la photographie écologique luttant contre la déforestation de la planète et sur le projet danse en apesanteur à Brazzaville. Pour cette édition, l’artiste s’est penché sur la différenciation des sociétés selon laquelle chaque société est le reflet de sa communauté. Dans ce dialogue de différence s’inscrivent  la classification et la stratification des sociétés. On trouve dans une interdépendance quelque peu autarcique, la classe supérieure, la classe moyenne et la classe ouvrière qui s’accommodent respectivement au riches, aux pauvres et aux très pauvres. « La nature avec ses codes a fait en sorte que tout ce qui existe ait un rôle et un but défini. Les plus faibles sont la proie des plus forts. Même dans la forêt ou cette loi est appliquée, chaque espèce animal la respecte pour la survie de sa communauté et l’équilibre de son environnement. C’est pareil pour la fertilité des sols, la croissance des plantes et le fonctionnement hybride des sols », a-t-il expliqué.  Et d’ajouter : « Aujourd’hui, l’éducation est plus centrée dans le secteur formel, c’est peut-être la raison de la recrudescence du chômage et  de la misère .»

Par ailleurs, Pierre-Manau Ngoula ou Pierre Man’s a œuvré sur les «  insolences ». En partie inspirées du roman « Kipiala ou la rage d’être soi » de  l’artiste plasticienne Bill Kouelany,  les « Insolences » sont une ode à la vie, à la liberté et à l’estime de soi. Elevés par une femme libre dans la pensée et par un père littéraire et grand penseur, les parents de Pierre lui ont toujours appris à faire ressortir en elle ce qu’elle avait de plus précieux, peu importe la manière dont le message serait véhiculé. L’artiste performeuse a choisi le corps nu de la femme noire pour véhiculer ses  messages dits « au féminin » dans la rue. L’action s’est passée dans un quartier populaire de Brazzaville où détournent les rites et les traditions selon lesquels le corps de la femme doit être soumis au tabou et au sacré comme le veulent les traditions et le regard machiniste de la société, pourtant Pierre Man’s a voulu donner à ce corps un autre type de langage. « je questionne le regard anodin, puéril, innocent que l’on peut avoir sur un corps nu et étranger, un corps diffèrent et insolent », a-t-elle dit, alors qu’autre part les populations face à ces clichés se sentaient bousculées, curieuses et fascinées par ces corps à moitié découverts et vêtus des objets qui à la fin étaient moins banals et étrangers. «La ceinture, le ballon qui éclate tel un avortement, les câbles, la cravate qui étrangle l’adversaire, la lame qui blesse le corps timide, le grillage qui frotte et qui scarifie. Ces objets du quotidien ont été retranscris comme des objets pouvant servir d’un acte de violence », a-t-elle poursuivi. Les « insolences » traitent les sujets de l’avortement, la violence faite aux femmes et de la question du choix du genre, de l’intimité bafouée aux yeux de tous pourtant, dans cette douleur ressort un corps poétique celui de la vie et des corps nus.

Quant à Gérémie  Libengué, artiste plasticien,  lui  c’est le « SOS », « Stop »,  à la manière du « Don’t kill me » ou plutôt « We are humanity » sur un fond rouge. C’est une œuvre qui n’est pas de nature « lèche-botte ».  Il se sert de ses bottes aux lacets bleus pour s’exprimer librement.  « En tant qu’artiste sur mon travail des souliers s’ajoutent un autre moyen d’expression, les mots que je ne trouve pas au hasard mais plutôt inspirer des signes conventionnels, des panneaux routiers. Tous les  associer dans une composition. Je trouve des mots, Je dénonce, j’interpelle et j’en donne plein les yeux pour exprimer le ras-le-bol a ce bain de sang, sans fin causé par la guerre. Mon art médecin fait aussi une thérapie des âmes en interrogeant notre sens d’humanisme et questionnant l’éthique de ses souliers militaires qui créent en nous le sentiment de terreur comme de sécurité. Des mots qui viennent des entrailles plein des maux. D’un citoyen humanitaire vivant dans un pays victime de viol et massacres », a-t-il déclaré. Au-delà de la chaussure, Gérémie utilise des mots pour lancer des signaux et tirer des sonnettes d’alarmes, de dénoncer des maux causés par les méfaits de la guerre en République démocratique du  Congo et dans le monde.

Les œuvres  contemporaines de Gérémie sont créées avec une approche artistique qui fusionne la nature morte avec le symbolisme. Il exporte le gout, le mode de vie, les excentricités, les souffrances et le bonheur des gens. La clôture du vernissage est fixée au 23 septembre

 

Divine Ongagna
Légendes et crédits photo : 
Photo1: Mirna Kintombo/DR Photo2: Pierre Man's/DR Photo3: Géremie Libengué/DR
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