États-Unis : l’ONU dénonce l’omniprésence d’un racisme systémique dans la police

Jeudi, Octobre 5, 2023 - 15:14

Les Noirs ont trois fois plus de chance que les Blancs d’être tués par la police aux États-Unis, selon une nouvelle étude des experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Selon le Mécanisme des Nations unies pour la justice raciale dans l’application de la loi, le racisme systémique à l’encontre des personnes d’ascendance africaine est omniprésent dans les forces de police et le système de justice pénale des États-Unis, et les autorités américaines doivent de toute urgence redoubler d’efforts pour les réformer. Les experts indépendants onusiens se sont ainsi dits alarmés par les chiffres et les circonstances dans lesquelles des personnes sont tuées par la police aux États-Unis. Chaque année, plus de 1.000 personnes seraient tuées par les forces de l’ordre dans l’ensemble du pays. Les Noirs sont trois fois plus susceptibles d’être tués par la police que les Blancs. 33% de toutes les personnes tuées entre 2015 et la première moitié de 2023 couraient, conduisaient ou tentaient de fuir les forces de l’ordre.

4,5 fois plus de risques d’être incarcérés que les Blancs

Les Noirs américains ont 4,5 fois plus de risques d’être incarcérés que les Blancs et sont trois fois plus susceptibles de faire l’objet d’une menace de recours à la force et 11 fois plus susceptibles de faire l’objet d’un comportement répréhensible de la part de la police (insultes, préjugés ou comportements sexuels répréhensibles) que les Blancs. Le rapport constate que le racisme aux États-Unis - héritage de l’esclavage, de la traite des esclaves et des cent ans d’apartheid légalisé qui ont suivi l’abolition de l’esclavage - continue d’exister aujourd’hui sous la forme de profilage racial, d’assassinats par la police et de nombreuses autres violations des droits de l’homme. Le racisme systémique crée des associations néfastes et fallacieuses entre la race noire, la criminalité et la délinquance.

Profilage racial

Certains faits suggèrent qu’un certain nombre d’autres meurtres d’Africains et de personnes d’ascendance africaine liés à la police se produisent également dans le cadre d’opérations spéciales, impliquant des mandats « no-knock » ( entrer au domicile de la personne sans frapper). Le mécanisme a entendu des dizaines de témoignages de  parents de personnes d’ascendance africaine tuées par la police. Il indique avoir pu ressentir le manque de confiance des personnes d’ascendance africaine dans les forces de l’ordre et les systèmes de justice pénale, en raison « des violences policières historiques et continues subies, et du sentiment d’oppression systémique et d’impunité pour ces violations ». 

Sur plus de 1.000 cas d’homicides commis par la police, seul 1 % donne lieu à une inculpation

S’agissant de la lutte contre l’impunité, sur plus de 1.000 cas d’homicides commis par la police chaque année, seul 1% donne lieu à une inculpation. Le rapport invite les services de police à s’attaquer aux problèmes de racisme systémique à l’encontre des agents noirs chargés de l’application de la loi et aux problèmes liés à l’idéologie de la suprématie blanche au sein de ces services. Il formule une trentaine de recommandations à l’intention des juridictions américaines, et plus de 18.000 services de police. Il met en évidence les bonnes pratiques locales et fédérales et reconnaît les efforts déployés par l’administration et certains gouvernements locaux pour lutter contre ce problème.

 

Noël Ndong
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