Pour Georges A. Forrest, entrepreneur et initiateur du projet Go-Congo, la République démocratique du Congo doit comprendre qu’elle dispose de plus de terres que certains pays qui lui fournissent du blé, du riz, du lait et d’autres denrées. Après l’exposition à un risque de famine suite aux 25 millions de tonnes de graines bloquées en Ukraine, l'ensemble des dirigeants de la région doivent comprendre l'intérêt d'exploiter leurs potentialités.
Dans le milieu des affaires, Georges A. Forest, fils de Malta Victor Forest, grand entrepreneur qui a jeté les bases du groupe Forest international dans l’ex-Katanga il y a un siècle, n’est plus à présenter. Vendredi dernier, à l’occasion d’un forum international sur l’agro-alimentaire à Kinshasa, il a brisé son silence légendaire pour parler d’investissement dans un secteur où l’État a quasiment démissionné depuis belle lurette. Pays à vocation agricole, qui a financé ses déficits budgétaires avec l’argent généré par l’agro-industrie sous la colonisation, la RDC dispose des atouts nécessaires pour réussir sa révolution agricole. Sans doute la volonté politique restera un élément majeur pour déclencher le sursaut attendu.
En effet, le premier grand défi, selon Georges A. Forrest, vise la réglementation en vigueur, plus précisément l’actuel Code agricole qui est inopérant. Dans le domaine des investissements, le pays doit aller plus vite et plus loin, insiste-t-il. « Nous devons élargir la surface des possibles. Nous avons besoin d’un volume massif d’investissements de divers acteurs pour alléger le Congo du poids des importations, améliorer notre compétitivité et transformer de façon durable notre économie ». Or, le Code actuel poserait toujours problème. « Il est impératif d’avoir un Code agricole incitatif, qui garantit des titres fonciers à long terme aux investisseurs dans l’agriculture afin de leur permettre d’obtenir un accompagnement auprès des institutions financières », a-t-il laissé entendre.
Georges A. Forest revient également sur un sujet controversé : les exemptions. Critiquées par l’Inspection générale des finances (IGF) suite à des abus, l’homme d’affaires propose « des conventions d’exemption des investisseurs des droits d’importation sur les équipements et intrants agricoles afin de rendre nos producteurs compétitifs face à la rude concurrence internationale ». Il va plus loin en défendant l’idée, en collaboration avec le secteur privé, « d’un paquet de réformes pour le redressement, le classement d’attractivité du Congo, la simplification et la modernisation de son cadre d’affaires. En dépit des potentialités et d’une main d’œuvre disponible, le pays importe la moitié de la nourriture qu’il consomme. En somme, une véritable aberration !
Le renversement des dynamiques s’impose comme une solution indispensable. L’émergence de l’agriculture exige certains préalables : réformes, terres fertiles à exploiter, innovations (usage du digital), accompagnement des institutions financières, remise en état des infrastructures routières et ferroviaires et quelques exemptions. Pour rappel, GoCongo, un grand projet visant à nourrir 90 millions de Congolais, est le premier producteur alimentaire intégré pour la RDC. Très bientôt, il va planter 4 000 hectares de maïs, qu’il moulera dans sa propre usine avant de les vendre directement à plus de 2 500 magasins dans le Grand-Katanga.