L’ancien député national élu au Congo central, Ne Muanda Nsemi, est décédé à 77 ans dans la matinée du 18 octobre à Kinshasa, a annoncé la radio Top Congo FM. Le chef spirituel du secte Bundu Dia Kongo et président du parti politique Bundu Dia Mayala était en réanimation au centre médical Nganda.
Muanda Nsemi, qui signifie « l’esprit créateur » en langue kikongo, de son vrai nom Zacharie Badiengila, s’était illustré comme leader du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo. Originaire de la province du Kongo central, il a été chimiste de formation et se considérait au début comme héritier spirituel de Simon Kimbangu, prédicateur et prophète du mouvement religieux kimbanguiste. Il s’est ensuite pris comme héritier politique de Joseph Kasa-Vubu, autonomiste et partisan de la résurrection Kongo du XVe siècle.
C’est en 1969 qu’il a créé son mouvement politique, mais officiellement en 1986 car étant une simple organisation culturelle à ses débuts[1]. Il a écrit plusieurs ouvrages notamment en kikongo dont l’un Mvutu kua PSV qui veut dire « réponse à la PSV » car accusé de traduire sans autorisation expresse les textes des enseignements de la PSV afin de les enseigner à ses adeptes. Lors des législatives de 2006, il a fait parler de lui en traitant Joseph Kabila de Rwandais qui veut accaparer la RDC. Son mouvement a pris de l’ampleur face aux enjeux politiques jusqu’à déclencher les émeutes au Kongo central février 2007, férocement réprimées par le pouvoir.
Un autre affrontement s’est déclenché durant plusieurs jours devant sa résidence à Kinshasa, s’achevant par son arrestation le 3 mars 2017 et son incarcération à la prison de Makala à Kinshasa. Il s’est ensuite évadé grâce au soutien de ses miliciens qui ont provoqué un incendie au centre pénitencier de Makala. Il a par après disparu de la circulation, se faisant passer même pour mort, avant de réapparaître sous le régime de Félix Tshisekedi, espérant une amnistie. Mais il s’est attaqué au nouveau president, l’accablant d’épouser une Rwandaise. En mars 2020, il a ouvert un autre front avec des émeutes au Kongo central, avant d’être arrêté et admis au centre neuro-psychopathologique de Kinshasa. Libéré après un plaidoyer mené par des députés du Kongo central, Ne Muanda Nsemi ne faisait parler de lui, jusqu’à la nouvelle de son décès.