La 10e édition du Salon du goût de Turin brasse les idées et les projets pour lutter contre la faim
Le salon du goût « Terre Mère » de Turin, dans le Piémont italien (nord-ouest), est d’habitude un rendez-vous très couru par tous ceux qui sont animés par le désir de voir le monde trouver des solutions durables et moins ruineuses à ces problèmes. C’est un carrefour d’idées affirmé. L’alimentation, au rythme où elle se réalise, continue de brûler les ressources de la planète, terres et eaux, sans garantie de durabilité pour les générations futures. La planète court à terme le risque du stress hydrique.
Mais, surtout, la production des biens alimentaires aujourd’hui ne profite qu’à une minorité, et pas même aux petits agriculteurs acculés parfois à l’exportation de leurs monocultures imposées. Ce n’est pas le moindre des paradoxes, en effet, que de voir des petits agriculteurs mourir de faim, ou mourir endettés sur des terres qui ne sont plus les leurs. Or de tels scénarios ne sont plus du seul domaine de l’hypothèse. En Asie, en Amérique latine et même en Afrique, tel producteur de café ou de tabac doit attendre un an avant de vivre de sa récolte. Or il faut manger tous les jours.
Pour Carlo Petrini, président international de l’organisation Slow Food, l’heure est plus que venue de changer la donne avec des pratiques plus respectueuses de l’environnement. La terre, on le sait, ne donne que si on l’entoure d’égards. Il y faut de la patience, que n’ont plus les personnes qui souffrent de faim : près d’un milliard dans le monde, essentiellement en Afrique. Le casse-tête qu’occasionnent les bouleversements climatiques font que lorsqu’un pays sahélien comme le Niger souffre… d’inondations, le puissant bassin hydrique d’Afrique centrale souffre par endroits du manque de pluies.
L’objectif réaffirmé de Slow Food reste donc de parvenir à aider l’Afrique à réaliser 10.000 jardins potagers à brève échéance. « Il ne s’agit pas seulement de créer des jardins potagers », indique M. Petrini, poursuivant : « Il s’agit de promouvoir une idée d’agriculture basée sur la connaissance du milieu, le respect de la biodiversité et des cultures locales. Il s’agit d’une agriculture capable de désaffamer les communautés africaines sans casser le lien spécial avec la terre et dévaster l’environnement. » Pour y parvenir, Slow Food se bat, pour ainsi dire, sur tous les terrains pour soutenir une telle visée.
Soutenir un potager, indique Slow Food, revient à 900 euros (589.000 FCFA). Une somme énorme ? Non si l’on tient compte du fait qu’avec ce montant, l’organisation va acheter les outils aratoires, les engrais, les semis et, surtout, payer les formateurs africains choisis pour conduire l’expérience… Il s’agit partout de réaliser des jardins potagers qui sont autant de petites entreprises qui nourrissent des familles et ensuite des villes entières mais qui fonctionnent avec les garanties et la régularité d’une structure saine et profitable.