Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a publié, en amont du sommet, un document d'attente appelant à une alliance solide, au financement et à des mesures multiples pour accélérer les efforts de conservation, de gestion durable, de coopération scientifique et technique entre les États afin de restaurer les écosystèmes forestiers.
A l’issue du sommet, le responsable mondial des forêts au WWF, Fran Price, interrogé par la presse, a déclaré : « Les forêts tropicales sont riches en biodiversité et revêtent une grande importance culturelle et économique pour les populations du monde entier. Mais elles continuent d'être menacées par la déforestation et la dégradation des forêts. Le sommet des trois bassins a permis d'entamer des discussions importantes sur l'avenir de ces forêts et sur les solutions nécessaires pour relever les défis auxquels elles sont confrontées, mais nous sommes déçus qu'il n'ait pas débouché sur une alliance des trois bassins, comme nous l'espérions ».
Et d’ajouter : « À l'avenir, il sera important d'avoir une représentation plus solide et un leadership de haut niveau des trois régions, ainsi qu'une discussion plus structurée sur des sujets tels que la manière de s'attaquer collectivement aux moteurs de la déforestation, de promouvoir la restauration et la gestion durable des forêts ».
Pour sa part, le directeur du WWF pour le bassin du Congo, Martin Kabaluapa, a relevé : « Nous sommes encouragés par les engagements pris lors de ce sommet. Les gouvernements des trois bassins doivent maintenant profiter de ce nouvel élan pour encourager des actions concrètes visant à restaurer les forêts, à renforcer la coopération scientifique et technique, à stopper et à inverser la perte de biodiversité et à adopter des mesures pour faire face à la crise climatique. Ces forêts sont essentielles à la subsistance et à l'identité culturelle de dizaines de millions de peuples autochtones et de communautés locales. Le leadership des pays des trois bassins sera déterminant pour garantir une planète vivable aux générations futures ».
Afin de rappeler l’importance de la forêt tropicale, le maître de conférences à l'université d'État de Papouasie (Indonésie), Yustina Lina Dina Wambrauw, a déclaré : « La protection des écosystèmes de la forêt tropicale humide dans les trois bassins sera couronnée de succès si nous incluons les peuples autochtones et les communautés locales qui vivent à l'intérieur de la forêt en tant qu'acteurs principaux. La forêt est un lieu sacré pour de nombreux peuples autochtones et communautés locales qui la gèrent de manière durable pour y vivre depuis des générations. Pour les peuples autochtones, la forêt et la communauté sont interconnectées ; par conséquent, la survie de notre peuple dépend de la longévité de la forêt, de la couverture totale de la canopée de la forêt tropicale, et de la disponibilité de la nourriture et des médicaments naturels que la forêt fournit ».
Les forêts abritent plus de la moitié des espèces terrestres d'animaux, de plantes et d'insectes de la planète. Elles luttent contre le changement climatique en raison de leur capacité à retirer le carbone de l'atmosphère et à le stocker, ce que l'on appelle l'atténuation forestière.
Ainsi donc, le coordinateur d'OKANI, une association de peuples autochtones au Cameroun, Venant Messe, a rappelé : « Nous sommes venus à ce sommet pour obtenir un soutien en faveur de la reconnaissance et de la cession des terres ancestrales des populations autochtones. Plus les populations autochtones se verront confier la responsabilité de gérer leurs terres ancestrales dans ces forêts, meilleure sera la conservation des forêts. Nous recherchons donc un partenariat gagnant-gagnant de la part de cette coalition pour la nature à une condition que nos terres ancestrales soient reconnues et que nous ayons le plein droit de les gérer ».
De même, le chef autochtone de l'Institut d'études dayak (Indonésie), Marko Mahin, a souligné : « Les écosystèmes des forêts tropicales humides dans la région des trois bassins, y compris dans des pays comme le Congo, le Brésil et l'Indonésie, peuvent être restaurés et protégés avec succès si les peuples autochtones et les communautés locales sont inclus dans le processus de gestion. Pour pouvoir participer, les droits des peuples autochtones doivent être officiellement reconnus par la loi et leur droit à gérer leur forêt doit être reconnu afin qu'ils soient en mesure de gérer leur écosystème de manière durable ». Rappelons que les trois bassins forestiers tropicaux : Amazonie, Congo et Bornéo-Mékong abritent les deux tiers de la biodiversité terrestre et assurent la subsistance de plus d'un milliard de personnes.