Conduite par Zeina Mina, directrice du Comité international des jeux, la délégation de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est arrivée depuis le 29 octobre à Kinshasa dans le cadre d’une mission d’audit de cinq jours.
Le Comité national des jeux a rejeté officiellement, le 30 octobre, l’affectation des 324 millions de dollars USD à l’organisation des jeux. Dans son communiqué, il explique la confusion par le fait que le ministère des Finances a mis dans le même panier les fonds alloués au Comité national, qui s’élèvent à 66,9 millions de dollars USD, et ceux attribués au ministère des Travaux publics pour la construction des infrastructures. « Nous sommes en mission après les jeux, je suis accompagné par un commissaire aux comptes de la Direction générale des finances publiques françaises pour effectuer un audit sur le budget opérationnel des IXes jeux », a précisé Zeina Mina à son arrivée le dimanche à Kinshasa. Il s’agirait donc d’une activité ordinaire de l’OIF, sans aucune connotation politique particulière. Toutefois, elle intervient au moment où une vive polémique entoure de plus en plus la gestion de ces jeux.
En effet, lors de sa dernière sortie médiatique, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a clairement mis en cause la gestion du Comité national des jeux de la Francophonie (CNJF). Outre l’explosion des dépenses, qui sont passées à 234 millions de dollars contre des assignations initiales de 66,9 millions d’euros, plusieurs agents du CNJF organisent des sit-in devant le ministère des Finances. Ceux-ci ont accumulé trois mois d’arriérés de salaires et exigent aujourd’hui leurs rémunérations. Il s’agit également des créances de différents prestataires qui ont contribué au succès de ces jeux.
En réaction à ces accusations, coïncidant avec l’arrivée des experts de l’OIF à Kinshasa, le CNJF a tenu à relever plusieurs faits troublants. D’abord, son directeur national, Isidore Kawandja, est surpris par les affirmations de Nicolas Kazadi. « L’étonnement est d’autant plus grand que le ministre des Finances est non seulement membre mais aussi vice-président du comité de pilotage des Jeux de la Francophonie ». En d’autres termes, il détient tous les chiffres à son niveau. Autre fait troublant, le moment choisi par l’argentier national pour sortir du silence : « Les propos interviennent curieusement au moment où une délégation de l’OIF séjourne à Kinshasa pour faire la reddition des comptes, un exercice logique après l’organisation des Jeux de Kinshasa ».
Pour Isidore Kawandja, le ministre des Finances est effectivement le mieux informé du budget alloué à l’organisation des jeux. Selon lui, la polémique actuelle ne serait finalement que le fruit d’une confusion. « Le volet de la construction ne relève aucunement du CNJF, mais bien du ministère des Infrastructures et de celui des Finances qui avaient la responsabilité de la construction, la réhabilitation et l’aménagement des infrastructures ». Par conséquent, le budget alloué à l’organisation des Jeux de la Francophonie est totalement différent de celui réservé aux infrastructures. « Le budget arrêté et validé par le comité de pilotage pour l’organisation des Jeux avait été fixé à 66,9 millions d’euros. Celui-ci a été approuvé comme tel par l’OIF », a déclaré le ministre des Finances. Très loin des 324 millions de dollars que le ministère des Finances affirme avoir dépensé, ce budget initial n’a pas été débloqué à ce jour dans son intégralité.
Autre argument de taille pour le CNJF, Isidore Kawandja atteste avoir bénéficié d’un accompagnement de la brigade financière de l’Inspection générale des finances (IGF), affectée à son comité depuis le 24 janvier 2022 jusqu’à ce jour. « Cette brigade a rendu son rapport à ce propos lors d’une communication conjointe faite par l’IGF et le CNJF ». Nous y reviendrons.