Evocation : À Henri Lopes

Samedi, Novembre 4, 2023 - 17:59

C’est tard dans la nuit du 2 novembre 2023 que les uns, insomniaques, l’ont su. C’est tôt le matin que les autres, réveillés, en ont été informés. Tous ont eu la tristesse d’apprendre le décès d’Henri Lopes, écrivain, homme d’Etat de la République du Congo.

Cette triste nouvelle donne l’occasion au monde d’évoquer l’œuvre et l’action d’une personnalité au parcours exceptionnel.

Que retenir de cet homme, pour qui j’ai une grande estime et un grand respect.

 Sans doute, par-delà sa posture d’homme d’Etat, l’homme de lettres et l’humain.

C’est indéniable, Henri Lopes a été le narrateur de ce qui l’a forgé dans son rapport au monde. Son métissage, son identité que je qualifierai volontiers de plurielle pour dire son ancrage dans la culture congolaise et dans l’urbanité brazzavilloise, l’élégance dans le phrasé tel Louis Aragon à qui il doit sa sensibilité poétique. Son amour des lettres, son sens de la facétie, sa générosité, son amour pour la vie, sa confrontation aux événements politiques historiques, tout cela transpire dans ses œuvres littéraires. Tout cela a marqué sa vie. Tantôt, il a « avancé masqué » à travers la narration romanesque qui constitue l’essentiel de ses écrits après les célèbres Tribaliques (1971). Tantôt, il s’est dévoilé à travers l’art du récit autobiographique, comme nous pouvons l’apercevoir dans son dernier ouvrage Il est déjà demain (2018).

Son ouvrage Le pleurer rire est enseigné dans tous les lycées du Congo depuis de nombreuses années. Il a laissé à tous les élèves, qui ont achevé leur cycle secondaire, une part de sa sensibilité. Ecrivain de premier plan, Grand Prix littéraire d’Afrique noire (1972) et Grand prix de la Francophonie (par l’Académie française, 1993), Henri Lopes rejoint le plus grand des panthéons : la mémoire. Ce, aux côtés de ses compatriotes que la littérature a canonisés avant, pour ne citer que Jean Malonga, Tchicaya U Tam’si, Sylvain Bemba, Sony Labou Tansi, Daniel Biyaoula, Jean-Baptiste Tati-Loutard et Jean-Pierre Makouta-Mboukou.

Repose en paix Excellence, comme j’aimais t’appeler parce que c’était ton titre et, parce qu’il nous partageait ton élégance dans ta façon d’être.

 

Lydie Pongault, ministre de l'Industrie culturelle, touristique
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