Réchauffement climatique: un nouveau rapport prévoit 110% de combustibles fossiles en plus en 2030

Vendredi, Novembre 10, 2023 - 15:49

Selon un nouveau rapport, les gouvernements prévoient de produire environ 110 % de combustibles fossiles en plus en 2030 que ce qui serait compatible avec la limitation du réchauffement à 1,5 °C, et 69 % de plus que ce qui serait compatible avec un réchauffement à 2 °C.

Bien que 151 gouvernements nationaux se soient engagés à réduire leurs émissions à zéro, les dernières prévisions indiquent que la demande mondiale de charbon, de pétrole et de gaz atteindra son point d’orgue au cours de cette décennie, même en l'absence de nouvelles politiques. Les plans des gouvernements combinés entraîneraient une augmentation de la production mondiale de charbon jusqu’en 2030, et de la production mondiale de pétrole et de gaz jusqu’en 2050 au moins, créant ainsi un écart entre les besoins et les perspectives en matière de production de combustibles fossiles qui ne cessera de se creuser au fil du temps.

Les principales conclusions du rapport sont les suivantes :

  • Compte tenu des risques et des incertitudes liés au piégeage et au stockage du carbone et à l’élimination du dioxyde de carbone, les pays devraient viser une élimination presque totale de la production et de l'utilisation du charbon d’ici à 2040, et une réduction combinée de la production et de l'utilisation du pétrole et du gaz de trois quarts d’ici à 2050 par rapport aux niveaux de 2020, au minimum.
  • Alors que dix-sept des vingt pays présentés se sont engagés à atteindre des émissions nettes nulles - et que nombre d'entre eux ont lancé des initiatives visant à réduire les émissions provenant des activités de production de combustibles fossiles - aucun ne s'est engagé à réduire la production de charbon, de pétrole et de gaz en vue de limiter le réchauffement à 1,5°C.
  • Les gouvernements qui ont une plus grande capacité à abandonner les combustibles fossiles devraient viser des réductions plus ambitieuses et aider à soutenir les processus de transition dans les pays disposant de ressources limitées.

Le mois de juillet dernier a été le plus chaud jamais enregistré, et très probablement le plus chaud des 120 000 dernières années, selon les scientifiques. Partout dans le monde, des vagues de chaleur meurtrières, des sécheresses, des incendies de forêt, des tempêtes et des inondations coûtent des vies et des moyens de subsistance, ce qui montre clairement que le changement climatique induit par l'homme est bel et bien là. Les émissions mondiales de dioxyde de carbone dont près de 90% proviennent des combustibles fossiles ont atteint des niveaux record en 2021-2022. « Les projets des gouvernements visant à accroître la production de combustibles fossiles compromettent la transition énergétique nécessaire pour parvenir à des émissions nettes nulles et remettent en question l'avenir de l'humanité », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement, poursuivant: « Alimenter les économies avec des énergies propres et efficaces est le seul moyen de mettre fin à la pauvreté énergétique et de réduire les émissions en même temps ».

« A partir de la COP28, les nations doivent s'unir derrière une élimination progressive, gérée et équitable, du charbon, du pétrole et du gaz, afin d'atténuer les turbulences à venir et de bénéficier à tous les habitants de la planète », a-t-elle ajouté.

Le rapport 2023 sur la production de combustible fossiles présente des profils nationaux nouvellement élargis pour vingt grands pays producteurs de combustibles fossiles : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Australie, Brésil, Canada, Chine, Colombie, Émirats arabes unis, Etats-Unis d'Amérique, Fédération de Russie, Inde, Indonésie, Kazakhstan, Koweït, Mexique, Nigeria, Norvège, Qatar et Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Ces profils montrent que la plupart de ces gouvernements continuent d'apporter un soutien politique et financier important à la production de combustibles fossiles.

Bien qu’ils soient à l’origine de la crise climatique, les combustibles fossiles sont restés largement absents des négociations internationales sur le climat jusqu'à ces dernières années. Lors de la COP26 qui s'est tenue fin 2021, les gouvernements se sont engagés à accélérer les efforts en vue de « l’arrêt progressif de la production d'électricité à partir du charbon et l'élimination progressive des subventions inefficaces aux combustibles fossiles », mais ils n'ont pas convenu de s’attaquer à la production de tous les combustibles fossiles.

« La COP28 pourrait être le moment décisif où les gouvernements s'engagent enfin à éliminer progressivement tous les combustibles fossiles et reconnaissent le rôle que les producteurs doivent jouer pour faciliter une transition gérée et équitable », déclare Michael Lazarus, l’un des principaux auteurs du rapport et directeur du centre américain de l'Institut scientifique et technologique. « Les gouvernements qui ont les plus grandes capacités à abandonner la production de combustibles fossiles ont la plus grande responsabilité de le faire, tout en fournissant les financements et le soutien nécessaires pour aider les autres pays à faire de même », poursuit-il.

Plus de quatre-vingt chercheurs, originaires de plus de trente pays, ont contribué à l’analyse et à l’examen, provenant de nombreuses universités, de groupes de réflexion et d'autres organismes de recherche.

 

 

 

 

Boris Kharl Ebaka
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