Justice climatique pour l’Afrique : à l’aune de la Cop 28

Mercredi, Novembre 22, 2023 - 13:45

La lutte continue. L’Afrique, première impactée, mal comprise et mal servie, alors qu’elle n'est responsable que de 3,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

 

La justice climatique pour l’Afrique devrait imposer le respect des engagements, des solutions pour les actions humaines, du dérèglement climatique, de la préservation de la biodiversité, la transition énergétique juste, égalitaire et équilibrée ainsi que les finances qui sont le nerf de la guerre contre le réchauffement climatique.

Au regard de cette situation, le président de la Commission climat du Bassin du Congo, Denis Sassou N’Guesso, indigné, souligne qu’« il y a beaucoup d’exigences mais peu de véritables engagements financiers pour la  lutte contre la déforestation ». Un avis partagé par le président Félix Tshisekedi, de la République démocratique du Congo, qui évoque l’Afrique comme la solution climat du fait de sa couverture forestière du bassin du Congo dont les tourbières sont de vastes puits de carbone qui nécessitent des financements conséquents pour leur préservation.

Les volumes de financement sont insuffisants et inexistants, une enveloppe de 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025, soit près de 65 162,120 milliards de FCFA, avait été promise aux pays pauvres lors de l’Accord de Paris, ou à la Cop 26 une enveloppe de 55 millions de dollars pour cinquante-quatre pays

« L’Afrique a besoin de pas moins de 1 600 milliards de dollars entre 2020 et 2030 pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris », indique la Banque africaine de développement.

Dans le contexte actuel de flambée des prix de l'énergie, des denrées alimentaires et de forte croissance démographique africaine qui passera, d’ici 2050 de un milliard à 2,4 milliards habitants, le problème du climat crée de la pauvreté. Une situation qui justifie l’indignation des chefs d’Etat et de gouvernement africains profondément préoccupés par les moyens d’augmenter le financement pour l’action climat et les défis engendrés par la transition énergétique.

En dépit du plaidoyer souvent fait, la non tenue des engagements pris par les pays riches se justifient, dans une certaine mesure, par les divergences de vues et d'ambitions qui sont lassées d’attendre les financements promis, alors que les besoins ne cessent de croître. Comme le fait entendre voix en Afrique, c’est d’abord une question de souveraineté nationale, car c’est aux Africains de décider de la question.  A propos, le président sébégalais, Macky Sall, a une position toute tranchée sur cette problématique. Il affirmait, en juin 2022, qu’« il est inconcevable que ceux qui ont exploité le pétrole, le charbon et le fioul pendant plus d’un siècle empêchent les pays africains de développer leurs ressources »

Tous les décideurs africains ne disent pas autre chose, le principe pollueur-payeur est la règle. A la COP 27, le président du Kenya, William Ruto, invitait, d’ailleurs, les pays du Nord à prendre leurs responsabilités en termes de réparations des dégâts climatiques dont ils sont à l’origine.

Qu’à cela ne tienne, les Africains ne doivent pas s’interdire d’innover dans le domaine des énergies renouvelables. Le déficit en énergie étant considérable, les initiatives en faveur du Fonds vert pour le climat ou l’émergence du marché de crédit carbone sont à donc saluer.

À l’évidence, l’Afrique est le continent le plus impacté par le dérèglement climatique. Prendre en compte ses demandes et priorités à travers l’application du principe d’équité dans la mobilisation des financements inclusifs est plus que nécessaire, vu que le changement climatique constitue une préoccupation transversale. 

Par Michesie Kibongui
Légendes et crédits photo : 
Michesie Kibongui
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