Afrique : des conflits non résolus sont le facteur principal de la crise alimentaire

Mardi, Novembre 28, 2023 - 09:13

Environ 149 millions d’Africains sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, soit 12 millions de plus qu’il y a un an, selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (Cesa). Cela équivaut à une catégorie de risque de 3 ou plus sur l’échelle de 1 à 5 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

Quelque 122 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, soit 82 % du total, se trouvent dans des pays en proie à des conflits, ce qui confirme que les conflits sont le principal facteur de l’insécurité alimentaire aiguë en Afrique, souligne le Cesa. Huit des dix pays africains les plus touchés par l’insécurité alimentaire aiguë sont confrontés à des conflits. Depuis 2019, le nombre d’Africains confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, c’est-à-dire 149 millions, a augmenté de 150 %, lorsque 61 millions de personnes se trouvaient dans cette catégorie.

Ce qui met en évidence les effets cumulatifs des conflits non résolus sur la situation humanitaire en Afrique, note le Cesa. Si trente-huit pays africains connaissent un niveau d’insécurité alimentaire aiguë, deux tiers de cette menace se concentrent sur cinq pays : la République démocratique du Congo, le Nigeria, le Soudan, l’Éthiopie et le Soudan du Sud qui sont tous en proie à des conflits. L’éclatement du conflit au Soudan et la détérioration de la sécurité dans le Nord du Nigeria sont à l’origine de la quasi-totalité de l’augmentation de l’insécurité alimentaire aiguë en Afrique cette année. Ainsi, quatre des dix pays les plus gravement touchés par l’insécurité alimentaire se trouvent en Afrique de l’Est : le Soudan, l’Éthiopie, le Soudan du Sud et la Somalie. Et dans dix-neuf pays d’Afrique, au moins 10 % de la population est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë. Alors que les conflits augmentent l’impact d’autres chocs externes tels que le changement climatique, l’inflation et les perturbations de l’approvisionnement mondial en céréales causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le retrait de Moscou de l’accord de la mer Noire sur les céréales, qui avait permis à 33 millions de tonnes de céréales d’atteindre les marchés mondiaux et de faire baisser les prix des denrées alimentaires, en particulier en Afrique, a encore aggravé les perspectives alimentaires. De l’autre côté, le phénomène climatique El Nino a entraîné une diminution des pluies en Afrique australe, en Afrique de l’Ouest, au Soudan et en Éthiopie. Des décès dus à la faim ont déjà été signalés cette année en Éthiopie et en Somalie. Le Programme alimentaire mondial prévoit qu’avant la fin de l’année, 129 000 personnes souffriront de la faim au niveau catastrophique, notamment au Burkina Faso, au Mali, en Somalie et au Soudan du Sud.  L’augmentation rapide de l’aide a toutefois permis d’éviter que davantage de personnes ne soient confrontées à la famine.

Sources des données : FAO, IPC, FEWS NET, PAM

Noël Ndong
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