« Tchicaya U Tam’si, vie et œuvre d’un maudit » : le brillant hommage de Boniface Mongo-Mboussa

Jeudi, Novembre 30, 2023 - 14:45

Après avoir collectionné les livres de son auteur fétiche, les alignant aux côtés de Shakespeare ou de Dostoïevski, le critique littéraire congolais, Boniface Mongo-Mboussa se glisse, à travers cet essai, dans la peau d’un enquêteur à la recherche de tous les articles et archives disponibles concernant son idole pour lui redonner vie.

Après avoir collectionné les livres de son auteur fétiche, les alignant aux côtés de Shakespeare ou de Dostoïevski, le critique littéraire congolais, Boniface Mongo-Mboussa se glisse, à travers cet essai, dans la peau d’un enquêteur à la recherche de tous les articles et archives disponibles concernant son idole pour lui redonner vie.

 

Mêlant la biographie et l’analyse littéraire, cet ouvrage paru en octobre dernier fait résonner l’œuvre et la trajectoire de Tchicaya U Tam’si dans le contexte de l’effervescence politique et culturelle africaine des années 1960 et 1980.

Né Gérald-Félix Tchicaya en 1931 dans un Congo sous domination coloniale française, il est le fils naturel d’une paysanne et de Jean-Félix Tchicaya, un « évolué » comme on dit affreusement à l’époque.

Ses premiers textes, suscités par des massacres coloniaux survenus en 1948 à Bobo-Dioulasso, saluent la résistance des populations qui vont conduire à l’indépendance ivoirienne. Son père en fait lire quelques lignes à son collègue à l’Assemblée… Aimé Césaire en personne. « Ton fils est un poète », décrète ce dernier. Ce qui ressemble à un coup de chance est sans doute un coup de génie car cet encouragement sera suivi d’un adoubement des autres cofondateurs de la négritude, Léopold Sédar Senghor et Léon-Gontran Damas.

Gérald-Félix Tchicaya est lancé. Pour se singulariser de son père, il devient « U Tam’si »« qui parle du pays » ou encore « une petite feuille qui chante pour son pays, en langue vili », une signature en référence à son Congo d’origine, qu’il ne va cesser de célébrer.

A sa manière, il invente une « poésie éclatée, à la syntaxe désarticulée » et multiplie les recueils : Le Mauvais sang (1955), Feu de brousse (1957), A triche-cœur (1958). Ses romans, parus dans les années 1980 (Les Cancrelats, Les Méduses, Les Phalènes, Ces fruits si doux de l’arbre à pain), lui apportent la notoriété à Paris, où il rejoint l’Unesco. Des pièces de théâtre le mettent également en lumière et le font comparer à un autre nouveau venu de la scène littéraire congolaise : Sony Labou Tansi.

Ecrit d’une plume érudite, fringante et très documenté, « Tchicaya U Tam’si, vie et œuvre d’un maudit » place le poète congolais au panthéon de la littérature mondiale.

Durly Emilia Gankama
Légendes et crédits photo : 
Photo: Couverture du livre/DR
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