Près de 7000 milliards de dollars de financements soutiennent tous les ans des activités ayant un impact négatif sur la nature et alimentant directement le changement climatique, selon un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU).
Un rapport de l’ONU présenté lors de la COP28, à Dubaï, indique qu'environ 7000 milliards de dollars sont investis, soit trente fois le montant dépensé chaque année, pour des solutions fondées sur la nature. Le document du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) révèle également que malgré des décennies d’appels à la réduction des flux financiers vers les secteurs qui nuisent à certains des actifs les plus précieux de l’humanité, ces investissements représentent actuellement 7% du produit intérieur brut mondial. L’état des finances pour la nature publié cette année est le premier rapport de ce type à se concentrer sur ce que l’on appelle les « flux financiers négatifs pour la nature » et souligne l’urgence de répondre aux crises interconnectées du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la dégradation des terres. Le rapport souligne également le fait que ces investissements éclipsent le montant annuel investi dans des solutions fondées sur la nature, qui totalisait environ 200 milliards de dollars l’année dernière. Un montant stupéfiant de 5 milliards de dollars de ces flux financiers négatifs pour la nature provient du secteur privé, ce qui est 140 fois plus important que les investissements privés dans des solutions fondées sur la nature, et près de la moitié de cette somme provient de seulement cinq secteurs : la construction, les services d'électricité, l'immobilier, le pétrole et le gaz, ainsi que l'alimentation et le tabac. Les 1700 milliards de dollars restants sont dépensés par les gouvernements en subventions qui nuisent à la nature, soit dix fois le montant qu’ils dépensent en investissements favorables à la nature.
Une finance verte
L’un des partenaires du PNUE contribuant au rapport est Global Canopy, son directeur exécutif, Niki Mardas, a évoqué la lutte contre la déforestation, qui est « au cœur » de tout effort visant à atteindre le zéro net, mais seulement 20% des plus de 700 institutions financières qui ont pris des engagements très médiatisés en faveur de zéro net dans le cadre de l’Alliance financière de Glasgow « n’a pris aucune mesure contre la déforestation ». « La plus grande action que nous puissions entreprendre pour la nature, le climat et la population est la finance verte. Nous devons financer le vert, mais nous devons également verdir ces 7 000 milliards de dollars de financement. Sinon, nous serons toujours coincés dans cette boucle », a-t-il ajouté.
Inverser la tendance
Selon la cheffe de la branche Nature pour le climat du PNUE, Mirey Atallah, le rapport démontre que la crise climatique dépasse toujours les efforts visant à la contenir. Elle pense que la finance est « le principal catalyseur, et sans l’argent circulant dans la bonne direction, nous ne pouvons pas atteindre les objectifs que nous avons fixés ». Bien que le rapport fournisse des conclusions très décevantes, le PNUE souhaite utiliser les données pour montrer que l'argent utilisé pour nuire à la nature peut et doit être détourné pour avoir un impact positif et a souligné que la COP28 doit être un tournant. Selon elle, le sous-financement chronique des solutions fondées sur la nature n'est pas dû au manque de fonds, « c'est simplement que l'argent va dans la mauvaise direction ». Elle estime que convaincre les entreprises privées de faire les bons investissements nécessite de mettre en place les cadres juridiques nécessaires pour soutenir l'orientation des fonds vers des solutions positives pour la nature.