Le Premier ministre congolais, Anatole Collinet Makosso, au cours de la séance des questions orales avec débats au gouvernement, le 18 décembre à Brazzaville, a souhaité un « choix apaisé des futurs responsables qui présideront aux destinées de la République démocratique du Congo (RDC) ».
Quelque 44 millions d’électeurs sont appelés aux urnes le 20 décembre en RDC pour, entre autres, élire leur prochain chef de l'Etat. Interpellé sur la position de la République du Congo face au conflit qui oppose la RDC au Rwanda, le chef du gouvernement a déclaré que son pays a opté pour une position de neutralité positive. Il a, toutefois, souhaité que « les élections en RDC se déroulent dans la paix, la quiétude, pour consolider une fois de plus et garantir le succès de la démocratie en terre africaine et dans notre sous-région ».
S’agissant du conflit entre la RDC et le Rwanda, il a rappelé que le Congo développe des relations d’amitié et de coopération avec ces deux pays. Selon lui, les relations entre le Congo et la RDC ont pour substrat l’économie, la culture, la littérature, la musique, la sécurité, l’histoire, la géographie, les traditions… « Le caractère légendaire de nos relations efface d’autres barrières que les hommes ont tenté d’ériger. Les deux pays étant intrinsèquement liés et sachant vivre dans l’apaisement chaque fois qu’un évènement fâcheux ou pas venait à bousculer les équilibres préétablis naturellement. Cela se vérifie à travers les différents accords qui existent entre les deux pays depuis l’aube de nos indépendances », a-t-il rappelé.
Anatole Collinet Makosso a cité, à titre illustratif, l’accord énergétique stratégique pour une boucle de l’amitié énergétique, le protocole d’accord pour une gestion commune des réseaux transfrontaliers, des accords pour la consolidation des relations bilatérales, l’accord de bon voisinage ainsi que l’accord sur les conditions de circulation des personnes et des biens…
Concernant le Rwanda, les relations datent de plus de 40 ans après la signature de l’accord général de coopération en 1982. Redynamisés entre 2013 et 2014, ces accords touchant divers secteurs de la vie de l’Etat se sont renforcés grâce à l’ouverture des ambassades et l’exploitation de l’escale de Brazzaville par la compagnie aérienne rwandaise. « Ces relations se diversifient actuellement et se renforcent davantage dans plusieurs secteurs de l’économie congolaise, dans le cadre strict des relations bilatérales entre le Rwanda et le Congo », a-t-il expliqué.
Maintenir sa position de neutralité positive
Pour lui, le président Denis Sassou N’Guesso a fait de la paix et du dialogue au service du développement les axes majeurs de sa politique extérieure. Ainsi, la politique extérieure du Congo et sa conduite par la diplomatie sont bâties, a-t-il indiqué, sur des principes cardinaux, notamment l’amitié, le bon voisinage, la paix, la sécurité et la coopération. « De ces principes, découle la position du Congo, notamment avec des pays comme la RDC, le Rwanda, le Burundi, l’Angola… avec lesquels nous avons des relations bilatérales intenses et appartenons aux mêmes ensembles sous régionaux comme la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. Le Congo a ratifié plusieurs accords, conventions et instruments juridiques en matière de respect de l’intangibilité des frontières », a-t-il précisé.
D’après lui, le chef de l’Etat congolais, dans sa doctrine de paix intitulée « Pacte africain contre l’agression », a affiché une vision stratégique de paix que le Conseil de sécurité de l’Union africaine s’est approprié pour la prévention des guerres intra étatiques et extra étatiques. Il s’est toujours prononcé pour un voisinage non conflictuel en Afrique et partant pour la non déstabilisation des frontières issues de la Conférence de Berlin de 1885 qui divisa l’Afrique en portions de terres, fixant ainsi les frontières de chaque pays. Le Congo a eu l’expérience des négociations en Afrique australe, a abrité des discussions intra RDC à une époque au large de ses côtes et a participé à la signature d’un accord, le 13 décembre 1988, dénommé "Pacte de Brazzaville". « Pour un pays comme le Congo, riche d’expériences en termes de médiation, de consolidation et de construction de la paix en Afrique et même au-delà, prendre position pour l’un ou l’autre protagoniste dans le conflit qui les oppose, reviendrait à remettre en cause la diplomatie d’équilibre et les efforts qui sont menés pour accompagner la médiation sous- régionale et la diplomatie internationale. Cette position de neutralité positive nous permet de maintenir un dialogue actif à la fois avec la RDC et le Rwanda pour faire avancer la grande cause de la paix », a-t-il répondu au député Pascal Tsaty Mabiala, auteur de la question.