Le ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et du Développement local, Raymond Zéphirin Mboulou, a au cours d’une rencontre avec les membres du bureau politique de l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki ), le 20 décembre à Brazzaville, rappelé la nécessité de préserver l’ordre public dans la crise qui les oppose.
L’UDH-Yuki traverse depuis la disparition, en mars 2021, de son président fondateur, Guy Brice Parfait Kolélas, une crise de leadership. Une crise qui s’est empirée en juillet dernier avec la suspension des travaux du congrès censé donner un nouvel élan à ce parti politique de l’opposition congolaise. Et après, les différents protagonistes se lancent à un jeu de ping-pong. Les derniers épisodes étant l’annonce de la déchéance, par les 2/3 des membres du bureau politique, du 1er vice-président, Pascal Ngouanou, qui assurait l’intérim, ainsi que la tenue du congrès avorté du 20 décembre.
Le ministre de l’Intérieur qui a réuni les membres du bureau politique de ce parti dans son cabinet de travail les a invités à trouver une solution à la crise. « Vous devez trouver de solutions parce que vous avez des statuts et des instances. En plus de cela, vous avez vous-mêmes désigné un médiateur. Je veux que vous vous accordiez. Là où il y a des hommes, il y a toujours des problèmes et les problèmes se règlent. Les problèmes peuvent se régler sans que tout le monde trouve son compte, faites aussi des concessions. Ce n’est pas toujours la majorité qui a raison parce qu’elle est parfois constituée sur des bases subjectives. Je ne rentre pas dans la gestion de votre parti, mais je veux que vous le fassiez vivre », a conseillé Raymond Zéphirin Mboulou.
Ecartant l’hypothèse d’une éventuelle sanction de l’UDH-Yuki, le ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et du Développement local a promis de sévir en cas de troubles à l’ordre public. « S’il faut prendre la décision, je pourrai vous sanctionner alors que vous avez beaucoup d’élus. Gérez votre parti selon les normes avec les trois vice-présidents ainsi que les membres du bureau politique, sans oublier le médiateur. Je le répète, je ne veux pas de troubles à l’ordre public au siège de Yuki, gérez votre parti. Je déciderai lorsqu’il y aura troubles à l’ordre public », a-t-il insisté.
En dépit de cette réception par le ministre, les deux camps ne semblent pas accorder leurs violons. Pascal Ngouanou qui ne reconnaît pas sa déchéance par certains membres du bureau politique a expliqué que le ministre leur a demandé de s’entendre, de prendre de la hauteur et de trouver la solution aux problèmes qui se posent. « En ce moment, il y a deux camps, il faut prouver aux gens le camp qui a raison et pour le faire, il faut tenir le congrès. Nous avons des textes, il faut qu’on les applique. Mais au niveau où nous sommes aujourd’hui, je ne vois pas si on peut encore s’asseoir. Lorsqu’on ne ne peut plus s’asseoir pour se concerter et dialoguer, il n' y a qu’un seul élément qui reste pour nous départager, c’est à la justice », a rappelé Pascal Ngouanou.
Désigné président par intérim à l’issue de la dernière réunion du bureau politique, le 2e vice-président de l’UDH-Yuki, Fernand Gilles Bassindikila, a rappelé que cette rencontre n’est pas une ingérence du ministre de l’Intérieur qui est le régulateur des partis politiques. Selon lui, Raymond Zéphérin Mboulou a agi conformément à la loi 20-2017 qui régit le fonctionnement des partis politiques. « Étant donné qu’au sein de notre parti il y a quelques problèmes, notamment sur l’organisation du congrès, il a attiré notre attention sur les risques de troubles à l’ordre public qui pourraient y avoir dans la préparation. Dans notre parti, nous avons des gens qui, unilatéralement, ont voulu organiser ce qu’ils appellent un congrès et le bureau politique s’est levé pour dire non et a déchu le principal responsable. Nous appelons nos militants et sympathisants à la sérénité et à la vigilance parce qu’après la déchéance du premier vice-président, le congrès va être organisé dans les meilleures conditions », a exhorté Fernand Gilles Bassindikila.