À la suite de plusieurs allégations de fraudes électorales et aux appels incessants des différentes missions d'observation exhortant la Commission électorale nationale indépendante (Céni) d'investiguer à ce sujet, la réaction n'a pas tardé. Elle a invalidé quatre-vingt-deux candidats aux dernières législatives nationales et provinciales, voire communales.
Les sanctions recommandées à l'endroit des candidats véreux ayant tripatouillé les résultats des législatives sont tombées le 5 janvier dans la soirée. À en croire le communiqué de la Céni publié à ce sujet, les incriminés sont invalidés, soit pour «fraude, incitation à la violence envers les agents électoraux et actes de vandalisme de matériel électoral», soit pour «détention illégale » des dispositifs électroniques de vote. En conséquence, les suffrages obtenus par les candidats concernés dans ces différents niveaux de scrutins ont été annulés purement et simplement.
Ont également été annulées, les élections législatives nationales et provinciales dans les circonscriptions électorales de Masimanimba en province du Kwilu, et de Yakoma, en province de Nord-Ubangi. La décision de la Céni n'épargne personne. Ministres en fonction, gouverneurs de province, sénateurs et députés, tous sont passés à la trappe. Parmi les membres du gouvernement concernés par cette décision, l'on cite, entre autres, Didier Manzenga (Tourisme), Antoinette Kipulu (Formation professionnelle), Manuanina Nana (ministre près le président de la République).
Quatre gouverneurs de province ont vu leurs noms repris sur la liste des candidats invalidés. Il s'agit de Gentiny Ngobila (Kinshasa), Bobo Boloko (Equateur), Pancras Boongo (Tshuapa) et César Limbiya (Mongala). Y figure également Charles Mbutamuntu, ministre provincial en charge de l’Education de Kinshasa. Deux députés nationaux, Colette Tshomba (actuelle rapporteure adjointe de l’Assemblée nationale) et Nsingi Pululu (député national) ont vu aussi leurs suffrages annulés.
L'on note aussi dans les rangs des fraudeurs, quelques personnalités politiques de poigne telles que le sénateur Evariste Boshab dans la circonscription électorale de Mweka, dans le Kasaï, ou encore, Tryphon Kin-Kiey Mulumba et Jean Filbert Mabaya à Masimanimba, dans le Kwilu, sans oublier le ministre honoraire des Transports, Justin Kalumba, etc. La liste est loin d'être exhaustive.
Tout en saluant le travail effectué par la Céni via sa commission d'enquête mise en place, une certaine opinion pense qu'elle doit creuser davantage pour débusquer d'autres inciviques qui se cachent encore et de les punir conformément à la loi afin de crédibiliser le processus électoral. Les quatre-vingt-deux invalidations ne représenteraient rien par rapport aux cas dénoncés à travers l'ensemble du territoire national.