Les souvenirs de la musique congolaise : biographie et discographie de Luambo Makiadi Franco

Jeudi, Janvier 18, 2024 - 10:00

François Luambo Makiadi Franco le grand maître naquit le 06 juillet 1938 à Nsona Bata, village situé à quelques encablures de Kinshasa dans la Province du Congo central et mourut le 12 octobre 1989 à Mont Godine en Belgique, artiste musicien chevronné, guitariste, auteur compositeur, chanteur, il reste le plus prolifique des compositeur dans le microcosme musical congolais.

Issue d’un couple intertribal, de père Tetela papa Joseph Emongo, de mère Kongo maman Hélène Mbongo Makiesse, Ngombé de par son grand-père paternel, de cette union naquirent trois enfants François Luambo, Siongo Bavon alias Bavon Marie Marie et Marie Louise Akangana. Cette mixture des tribus et ethnies dont il fut originaire se retrouve souvent dans ses œuvres phonographiques et dans le rythme de l’Ok Jazz des titres « Luvumbu Ndoki », « Kisiona » François Luambo Makiadi passe son enfance à Léopoldville dans la rue Opala à Dendale (aujourd’hui Kasavuvu) et fréquente à l’école de Léo 2 à Kitambo qu’il quitte en troisième année primaire suite à la mort de son père à  fin de subvenir aux besoins de sa famille. L’inspiration de Luambo pour la musique lui vient de Joseph Kabasele certes, mais surtout excellent joueur de l’harmonica son instrument de prédilection à cette époque qu’il abandonnera plus tard pour jeter son dévolue sur la guitare. Par la suite, l’apprentissage au maniement de la guitare lui sera assuré par Paul Ebengo dit Déwayon et d’Albert Luampasi grands guitaristes des éditions Ngoma, ce dernier se chargera à l’accomplissement de son éducation guitaristique. Emerveillé par les talents de Luambo, Albert Luampasi l’intégra dans son groupe « Bandimbu », une longue tournée va les conduire dans le Bas Congo où ils séjourneront pendant plusieurs nuits.

S’il est né François Luambo, il devient Lokanga Lwa Djo Pene Luambo Makiadi  avec la politique du recours à l’authenticité instauré par le Président Mobutu en 1972 en réalité, Makiadi est le surnom que lui donne sa mère à sa naissance à cause de la fragilité de sa santé souvent secouée par les maladies infantiles et tropicales de l’époque. Au milieu des années 1970 Franco se convertit à l’Islam et devient Aboubakar Sidiki avant de revenir à la foi Catholique. Ce patronyme Ouest africain n’a jamais été gravé sur ses disques et nombreux de ses fans ne l’ont jamais connu, l’homme a aussi beaucoup d’autres pseudos, Franco, Franco De Mi amor, oncle Yorgho, Ya Fuala (grand-frère François), sorcier de la guitare, Grand Maître de la musique Zaïroise, aux Etats Unis les afro américains l’appellent the big brother from Zaïre. Il fait ses premiers dans la chanson à 15 ans dans un groupe dénommé « Watan » d’Ebongo Dewayon parrainé par la maison d’édition Loninguisa, deux chansons furent à l’actif du groupe « Bokilo ayebi ko bota » et « Niekese ».

Le 06 juin 1956 à Léopoldville un nouvel orchestre vient de voir le jour, l’Ok Jazz qui au départ est un groupe de musiciens d’enregistrement du studio Loninguisa du grec papa Dimitrous composé des musiciens des deux Congo entre autres Franco, Vicky, Jean Serge Essous, Edo Ganga, Célestin Kouka, Loubelo de la Lune, Roitelet, Rossignol, Pandi Saturnin, Bosuma Dessoin, Liberlin de Sauri Badiop dont certains feront défection plus tard pour créer le Roca a Mambo et Bantous de la Capitale. L’Ok Jazz puis Tout Puissant Ok Jazz, orchestre emblématique que Franco dirigera des mains de maître pendant plusieurs décennies. Lors de la création de l’Ok Jazz, le style fiesta incarné par l’école african Jazz de grand Kallé et alors l’unique école que connait la musique congolaise moderne et qui inonde le marché par la saveur de ses sons mais, au fil des temps l’Ok Jazz range l’espace musical et se fraie un passage, il forge admiration et respect, ainsi va naitre une deuxième école qui va se démarquer totalement du style fiesta de grand Kallé où naquirent les groupes African Fiesta, Vox Africa, Africa Fiesta Sukisa, festival des Maquisards, les grands Maquisards et autres…

Au fil des années, Luambo Makiadi Franco s’affirme suite après la création de l’Ok Jazz comme l’une des plus marquantes personnalités de la Rumba authentique dans son ensemble, il rivalise avec les deux meilleurs guitaristes de la musique congolaise de l’époque, Tino Baroza et Dr Nico. Luambo Franco galvanise toute la sympathie et l’émotion des mélomanes par la finesse de son doigté, et surtout le dynamisme et la compétence de ses collègues de l’Ok Jazz, toute fois il s’impose comme le meilleur spécialiste du jeu en sixte (technique qui consiste à jouer la guitare en pinçant plusieurs cordes à la fois, style à partir duquel il a donné naissance à l’école Ok Jazz, basée sur la rumba Odemba ou rumba lourde que l’on appelle aussi Kilo ya Kinshasa.

A suivre…

Auguste Ken Nkenkela
Légendes et crédits photo : 
Grand Maitre Luambo Makiadi Franco/DR
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