A Brazzaville, après la haute crue du fleuve Congo du mois de décembre, les résidents du bord du fleuve sont désormais tout yeux, tout oreilles sur la météo, l’architecture et sur la loi portant code du domaine public, tandis que les plus pessimistes pensent à quitter définitivement les zones inondables.
Le niveau du fleuve Congo, vu de Brazzaville, a baissé. C’est la décrue. Une sortie de la zone rouge qui soulage de centaine de sinistrés pour la plupart relogés chez des voisins et d’autres dans des sites aménagés par les autorités. Avec cette décrue, certains déplacés rejoignent leur domicile. Ils découvrent les dégâts causés par la puissance des eaux du fleuve Congo : murs de clôture effondrés, arbres fruitiers arrachés, du sable ou de la boue qui tapissent la cour des parcelles, ou dans certains cas, du sable dans les maisons ou bloquant des portes et fenêtres, etc. L’heure est désormais à la remise en ordre avant de se réinstaller et voir l’avenir de ce choix de vie au bord du fleuve Congo. Une vie parfois très risquée dite « le pied dans l’eau » pour reprendre l’expression affichée au fronteau d’un bâtiment de commerce montré à la télévision nationale congolaise, au titre des sinistres. Cette vie « sur la berge du fleuve Congo » appelle une vigilance sur plusieurs fronts.
En prime la météorologie
Sur ce point, tout le monde s’accorde à dire qu’une totale objectivité n’est pas possible. La science météorologique a fait de réels progrès au cours de ces dernières années, mais il reste encore à faire. Les nuages n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Cependant, ce qui très sûr, les grands traits de la journée à Brazzaville sont connus : le soleil se lève à six heures. La chaleur augmente très vite. Des trainées de brouillard dues à la condensation apparaissent au dessus de la forêt. Des nuages surgissent, s’amoncellent en bancs gigantesques et offrent une image majestueuse dans la lumière matinale. Jusqu’à l’après-midi ; ils prennent possession du ciel, cachent toujours davantage le soleil et s’assombrissent. L’après-midi, ils ouvrent les vannes. Toutes les précipitations possibles se produisent, de la violente averse brève aux pluies diluviennes. Les orages violents sont quasiment quotidiens.
Ce qu’il faut retenir aussi, le fleuve Congo n’est pas équatorial seulement par son abondance, mais aussi par sa relative régularité de son régime, qui présente à Brazzaville deux maxima annuels, l’un en décembre, l’autre secondaire vers mai, lesquels encadrent un étiage majeur au début d’août et un autre moins prononcé en mars. « Construire sur une berge suppose la prise en compte, avec marge de sécurité, des niveaux maximum et minimum des eaux avoisinantes et donc la maîtrise du cycle hydrologique, qui est influencé et dominé par les forces de la nature ». Peut-on lire dans certains articles spécialisés. On ne construit pas au bord du fleuve comme on construit n’importe où.
Les limites du fleuve Congo à Brazzaville, au vu de la loi « Mabiala » (la loi 9-2004 du 26 mars 2004, portant code du domaine public, sont connues. Elles furent marquées par la haute crue de 1961. Le fleuve Congo avait atteint plus de 6 mètres de haut. Et parmi les conséquences de cette crue, l’histoire retiendra : la destruction de la biodiversité de l’ile des caïmans (aujourd’hui presqu’ile de Mafouta). En effet, après avoir été submergée pendant trois mois, l’ile perdit l’étang des caïmans, sa forêt verdoyante, etc.
A la lumière de ce qui précède, certains résidents deviennent des candidats au départ vers d’autres zones « non problématiques ». D’autres ont déjà quitté les lieux. Mais on revient à la question que nous nous posions dans une précédente publication ; la haute crue du fleuve Congo est-elle cyclique ? Si oui, à quel espace de temps ?