Selon l’Institut international du développement durable, cinq pays africains gagneraient à profiter de la demande croissante de thé durable. Cependant, pour saisir pleinement cette opportunité, ces pays doivent adopter des pratiques de culture conformes aux normes volontaires de durabilité et assurer les coûts liés à la certification.
Dans un contexte mondial où la demande de thé durable ne cesse d’augmenter, le Mali, le Mozambique, la République démocratique du Congo (RDC), le Malawi et l’Éthiopie se trouvent dans une position idéale pour tirer parti de cette tendance prometteuse, relève l’Institut international du développement durable (IISD) dans son rapport. Ce qui n’est pas le cas du Kenya, premier producteur de thé conventionnel en Afrique affichant en 2023 des exportations en augmentation de 31% en valeurs, ou même l’Ouganda. Pour se faire une idée de la manne que ces pays laissent filer, l’IISD souligne qu’en Turquie, les thés conventionnels sont parfois jusqu’à 625% moins chers que les alternatives plus durables. Selon l’IISD, la demande de thé écologique devrait augmenter de manière significative aux États-Unis et en Europe d’ici à 2026, avec des taux de croissance prévus respectivement à 8,4 % et 6,6 %. Autant dire que ces cinq pays africains ont une opportunité unique de capitaliser sur la demande croissante.
L’IISD cite une étude de Mordor intelligence publiée en 2020 qui estimait que la production mondiale de thé augmentera à un taux de croissance annuel composé de 5,7 % entre 2021 et 2026 pour répondre à la demande, la consommation ayant augmenté de 2,5% par habitant au cours de la dernière décennie, principalement en Asie de l’Est, en Afrique, en Amérique latine et aux Caraïbes, ainsi qu’au Proche-Orient. La pandémie de covid-19 a accru la demande mondiale, le thé étant considéré comme une boisson qui renforce le système immunitaire. La demande devrait rester soutenue en raison de l’augmentation des revenus dans les pays en développement et de la diversification du marché vers les thés biologiques et les thés de spécialité, contribuant ainsi aux revenus ruraux et à la sécurité alimentaire dans les pays producteurs.
Un potentiel de production largement inexploité
Si les cinq pays mentionnés jouent un rôle significatif dans la production de thé sur le continent, représentant 12% de la production totale de thé en Afrique en 2020, avec une récolte combinée estimée à près de 100 000 tonnes, seule une partie relativement modeste de cette production (47 300 tonnes) a été certifiée durable en 2021. Selon l’IISD, ces pays ont encore un potentiel de production largement inexploité, ce qui leur offre l’opportunité de profiter de la demande croissante de thé durable. Leur production actuelle ne représente qu’une fraction de ce qu’ils pourraient produire en investissant de manière appropriée dans les infrastructures, les technologies agricoles et les pratiques durables. Ils disposent de terres disponibles pour l’expansion des plantations de thé, ce qui leur confère une opportunité unique d’augmenter leur production afin de répondre à la demande croissante. De plus, ces pays ont souvent des systèmes agricoles moins industrialisés et moins intensifs en capital. Cela peut être un avantage pour la production de thé durable, car ils ont la possibilité de mettre en œuvre des pratiques agricoles durables dès le départ, plutôt que de devoir réorganiser des systèmes de production existants. Ils peuvent intégrer des méthodes respectueuses de l’environnement, telles que l’agriculture biologique, la conservation des sols et la protection de la biodiversité, ce qui répond aux exigences croissantes des consommateurs pour des produits durables.