En vigueur depuis 2019, la nouvelle règlementation des changes de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a permis de fixer un plafond de l’allocation des devises dans l’espace communautaire. La règlementation qui a contribué à stabiliser le système bancaire communautaire mérite d’être consolidée, a affirmé le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui.
Un baptême du feu pour le nouveau gouverneur de la BEAC qui a fait sa première sortie officielle, le 25 mars, par une conférence de presse relative aux conclusions de la première session ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM). Au sujet de la mise en œuvre de la règlementation des changes, Yvon Sana Bangui s’inscrit dans la continuité de la politique monétaire. « Nous allons renforcer davantage le respect de la règlementation des changes, parce qu’il en va de la stabilité de notre système bancaire communautaire », a-t- il réitéré.
En effet, la nouvelle règlementation des changes fixe à cinq millions de francs CFA le plafond de l’allocation des devises avec la possibilité d’aller au-delà si la demande est justifiée. Les experts financiers évoquent des avancées en matière de rôle des différents organes et d’environnement économique. La nouvelle règlementation des changes prévoit une rétrocession de 70% des devises de toutes les opérations, alors que l’ancienne règlementation de l’an 2000 faisait des rétrocessions de 100% des devises encaissées à l’occasion des opérations d’exportation.
La règlementation de 2018 a contribué à ce jour, selon la BEAC, à faire remonter les réserves des changes et à éviter la dévaluation du franc CFA de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cémac). Dès les premiers mois de 2019, les rétrocessions de devises ont atteint 1376,1 milliards de francs CFA pour les cinq premiers mois de l’année, contre 605,2 milliards de francs CFA sur la même période de l’année précédente, soit une hausse de 127%. Les réserves de change sont estimées cette année à 6699 milliards de francs CFA, soit un remploi de 2,7% par rapport à 2023. La surliquidité bancaire observée actuellement au sein de la sous-région, avec un excédent de 955 milliards de francs CFA, est à mettre à l’actif de la nouvelle règlementation des changes.
Mais certains acteurs du secteur extractif et établissements financiers continuent de réclamer plus de souplesse dans l’exécution de la mesure communautaire. Le gouverneur Yvon Sana Bangui compte poursuivre les discussions avec les acteurs économiques, notamment ceux du secteur extractif. Il faut souligner que la nouvelle réglementation a également renforcé le rôle des intermédiaires agréés. Les personnes morales résidentes hors et dans la Cémac ne peuvent pas ouvrir de comptes en devises, sauf si elles disposent d’une autorisation de la BEAC.
Pour sa première sortie officielle, le nouveau gouverneur de la BEAC a tenté de rassurer sur le climat social au sein de l’administration de la banque centrale. Au sujet de la crise liée au recrutement des 45 agents d’encadrement supérieurs, Yvon Sana Bangui renvoie à l’opération d’audit en cours. S’agissant de la situation économique sous-régionale, la banque centrale table sur une croissance de 3,6% en 2024 portée par les activités non pétrolières. La situation demeure fragile avec une pression inflationniste de 5,5% cette année, largement au-dessus de la norme communautaire (3%).