La levée par le gouvernement du moratoire sur l'exécution de la peine de mort continue à faire jaser au niveau international. La pilule est difficile à avaler par quelques pays occidentaux qui y voient un net recul de la République démocratique du Congo (RDC).
En lieu et place des exécutions capitales qui seraient contraires à la morale, des États et organismes internationaux sollicitent de la RDC l'exploration d'autres voies pour sanctionner les traîtres du régime. C'est dans ce cadre qu'il faut placer l'audience que le speaker de la chambre basse, Christophe Mboso, a accordée le 10 avril au ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib.
L'officiel belge n'est pas allé par quatre chemins pour solliciter carrément la suppression du moratoire sur la peine de mort en RDC. "Vous savez que la Belgique est inquiète et défend l'abrogation universelle de la peine de mort, ce que nous continuerons évidemment à défendre partout », a-t-il déclaré au sortir de l'audience. Déjà la veille, le même sujet avait été évoqué lors de la rencontre entre l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en RDC, Nicolas Berlanga, et la ministre de la Justice et Garde des sceaux, Rose Mutombo. L'ambassadeur qui a critiqué la levée du moratoire sur la peine de mort a rappelé la position de l’UE quant à ce. "Il y a de moins en moins des pays qui appliquent la peine de mort. Et certainement sur le sol européen, aucun pays n'applique la peine de mort. Du point de vue moral, nous sommes contre l'application de la peine de mort mais aussi du point de vue scientifique, toutes les études montrent que l'effet dissuasif de la peine de mort est presque nul", a-t-il indiqué.
Nicolas Berlanga a encouragé le gouvernement à expérimenter d'autres moyens que la peine de mort pour lutter contre l'impunité, notamment à l'Est du pays. Toutefois, l'exécutif national continue à défendre sa position en soutenant que le rétablissement des exécutions vise à débarrasser les Forces armées de la République démocratique du Congo des traîtres et d'endiguer la recrudescence d'actes de terrorisme et de banditisme urbain entraînant mort d'homme. "Nous ne sommes qu'au début de l'instauration d'un État, avec beaucoup d'agression à l'Est du pays, nous étions obligés de revenir sur la peine de mort", a indiqué, pour sa part, le président de l'Assemblée nationale, Christophe Mboso.