Charles Peter Moukala Kinzounza est un écrivain congolais qui a pris part au salon du livre africain qui s’est tenu du 15 au 17 mars 2024 à Paris, en France. Plusieurs questions ont été abordées pour rendre plus visibles les livres des auteurs du continent. Seulement, les participants ont relevé que le livre [réel] subit l’influence du numérique. Dans cet entretien, Charles Peter Moukala Kinzounza dégage les enjeux et les retombées de cette rencontre.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Vous venez de prendre part au salon du livre africain de Paris, en France. Pouvez-vous nous parler de cette rencontre entre écrivains ?
Charles Peter Moukala Kinzounza (C. P. M. K.) : C’est toujours émouvant ce genre de retrouvailles. Cela permet de se frotter avec les dandys des belles lettres. Les mots pour exprimer cela manquent parfois, puisque c’est le rendez-vous de la crème des amoureux de la littérature francophone.
L.D.B.C. : Quels ont été les enjeux de ce salon ?
C. P. M. K. : Les enjeux, d’après le thème proposé cette année par M. Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement de Paris, il faut arriver à « décloisonner les imaginaires, repenser les futurs ». Donc il s’agit là d’une somme des enjeux intellectuels qui poussent les Africains à s’accaparer de ce XXIe siècle afin d’avoir voix au chapitre face aux changements multipolaires que le monde vit aujourd’hui.
L.D.B.C. : Vous avez représenté le Congo en qualité d'écrivain. Comment avez-vous porté sa voix ?
C. P. M. K. : La voix du Congo, en général, a toujours été bien entendue dans ce genre de forum, nonobstant les difficultés rencontrées par-ci par-là. Nous avons assisté à l’hommage rendu à Henri Lopes et aussi à Tchicaya U Tam’si par un grand nom de la littérature congolaise, Boniface Mongo Mboussa, et autres hommes de la littérature française et africaine. En ce qui concerne ma voix, ô ma voix, c’est celle d’un enfant à la maternelle des lettres. Cette voix eut un écho favorable lorsque j’ai eu à faire des dédicaces à des grands noms de la littérature et aussi à notre ministre de l'Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs qui était également présente.
L.D.B.C : Quelle a été la place du livre congolais à ce salon ?
C. P. M. K : Ce salon, qui a ouvert ses portes le 15 mars, pour les fermer le 17 mars, a rendu visible le livre congolais dans la diversité des genres littéraires. Nous ne pouvons que nous réjouir du fait que la littérature congolaise contemporaine se porte bien. Mais il faudrait étudier certains mécanismes qui permettraient de renforcer cette visibilité, tel que soutenir les écrivains dans les publications et à la participation aux rencontres littéraires diverses.
L.D.B.C. : Qu'est ce qui a été dit au sujet du livre africain ? Comment se porte-t-il sur le marché à l'ère du numérique ?
C. P. M. K. : Le livre, en général, souffre de la montée en puissance des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il n’y a pas que le livre africain qui subit l’influence du numérique. Mais, au-delà de tout, le marché du livre africain reprend de l’essor. Il faudrait une grande politique africaine sur le livre afin de pousser des jeunes gens à s’intéresser à la lecture du livre physique comme au beau vieux temps, où le numérique n’existait pas.
L.D.B.C. : Quelles ont été les recommandations de ce salon pour la visibilité du livre africain sur le continent?
C. P. M. K .: Les recommandations pour rendre visible le livre africain sont surtout d’arriver à ce que les maisons montent des partenariats ou des coéditions pour promouvoir la culture africaine dans sa diversité linguistique.
L.D.B.C : Pour finir, quel est votre point de vue sur le livre congolais ?
C. P. M. K : Le livre congolais reflète une multiculturelle. Les thématiques abordées dans les livres congolais sont très rénovatrices. Il suffit que les pouvoirs publics mettent en relief les auteurs congolais, surtout contemporains, on pourra, dans un avenir très proche, attirer l’attention dans des grandes surfaces littéraires dans le monde. Le livre congolais souffre de la visibilité. Or, avec des moyens limités des auteurs, il est difficile de promouvoir les œuvres littéraires sur le plan mondial. D’autres Etats africains le font très bien, en achetant les livres des auteurs de leur pays pour les distribuer dans les bibliothèques scolaires afin qu’on arrive à consommer localement d’abord, avant d’aller lire Molière ou Victor Hugo.
Ndlr : Charles Peter Moukala Kinzounza, détenteur d’un master 2 en management des ressources humaines, est actuellement au ministère des Petites et moyennes entreprises et de l’Artisanat en tant qu’inspecteur divisionnaire de l’artisanat par intérim. Il a publié '' Famille victime'' (pièce de théâtre) Éditions du Net, en 2016, France ; ''Le poète et les chansons sans son'' (poésie) Éditions L’Harmattan 2017, France ; ''Tout doit changer'' (poésie) Éditions L’Harmattan 2019, France ; ''La cloche de mon cœur retentit'' (poésie) Éditions Renaissance Africaine 2021, France; '' Je ne dois plus migrer'' (roman) Éditions Renaissance Africaine, 2023, France. Il est aussi artiste musicien.