Le premier secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), Pascal Tsaty Mabiala, a animé une conférence de presse, le 25 avril dernier, au cours de laquelle il a apporté la lumière sur son opinion au sujet des accords de concession des terres congolaises au Rwanda, à l’origine des polémiques dans le pays. Il a aussi évoqué les questions sur le fonctionnement de son parti et d'autres qui préoccupent les Congolais.
C’est au siège de l’Upads à Pointe-Noire, notamment au quartier OCH, dans l’arrondissement 1, Emery-Patrice,-Lumumba, que Pascal Tsaty Mabiala a animé sa conférence de presse. Il a échangé avec la presse locale sur plusieurs points concernant les conclusions du Conseil national de son parti, les dissidences en son sein, les difficultés d’approvisionnement des Congolais en eau potable et en électricité, l’insécurité dans le pays, les travaux des voiries urbaines à Pointe-Noire, les pensions des retraités. Le premier secrétaire de l'Upads a aussi soulevé le point brûlant relatif à son point de vue sur les accords Congo-Rwanda au sujet de la concession des terres, donné lors d’une conférence de presse à Brazzaville. Un point de vue qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Accusé d’être en complicité avec l’Etat congolais dans cette affaire et dans la spoliation des terres coutumières dans la Bouenza, Pascal Tsaty Mabiala, chef de file de l’opposition politique congolaise, a apporté des éclaircissements sur son opinion, estimant qu'elle a été mal interprétée. «Je ne suis pas associé à l’Etat congolais dans ces accord et nous n’avons pas reçu de plaintes de spoliation des terres des paysans dans la Bouenza. La cession concerne le domaine foncier de l’Etat et non des terres coutumières. La facture alimentaire est élevée. Aujourd’hui, nous importons près de 100 milliards de nourriture de l’extérieur. Puisqu’il faut développer les activités agricoles, l’Etat peut s’associer à un partenaire extérieur, quelle que soit sa nationalité, pourvu qu’il remplisse les conditions exigées, que ce soit un partenariat gagnant-gagnant», a-t-il expliqué.
Se demandant les raisons de la polémique sur ces accords, il a poursuivi : « A Diessé, l’Etat a concédé des terres à une Chinoise qui fait l’agriculture. Elle emploie des jeunes congolais et a électrifié la localité. A Loudima, à Malolo, il y a des Sud-Africains qui cultivent du maïs nécessaire pour notre élevage avicole. Le problème, c’est peut-être parce qu’il s’agit des Rwandais». En se référant aux événements tristes de 1997 au Congo, impliquant aussi les Rwandais, Pascal Tsaty Mabiala a exhorté : «Il ne faut pas se laisser submerger par l’émotion. Nous avons fait la paix avec le président Sassou. Faisons l’effort d’oublier ce qui s’est passé. Et nous sommes dans cette dynamique de paix et de réconciliation nationale».
Par ailleurs, mentionnant la Zone de libre échange continentale africaine, il a estimé qu’il faut s’unir aux autres pour se développer. «L’Upads est un parti panafricain; donc de l’union avec les autres pays, un parti d’intégration africaine», a-t-il rappelé.
Evoquant la question sur la vie et le fonctionnement de l’Upads qui ne cesse d’alimenter l’actualité dans le pays depuis un certain temps avec des problèmes «de dissidences» causés par le report, à maintes reprises, de son congrès tant attendu depuis 1917, Pascal Tsaty Mabiala a expliqué que cela était dû à des raisons objectives et bien connues de tous : «Nous étions en période électorale et le parti a privilégié les élections». L’Upads a tenu sa 4e session ordinaire du Conseil national du 5 au 7 avril dernier à Brazzaville, au cours de laquelle il a été décidé de la tenue de ce congrès courant le deuxième semestre 2025. Une commission préparatoire a été mise en place en vue de le préparer.
Pascal Tsaty Mabiala a fait aussi état des sanctions qui ont été prononcées à l’endroit «des dissidents» lors de ces assises (blâme, avertissement, suspension jusqu’au congrès, interdiction d’utiliser les symboles). Il a saisi l’occasion pour appeler les médias de la place à ne plus diffuser les activités desdits dissidents tendant à déstabiliser et à affaiblir leur parti. Il a prévenu qu’il y aura des poursuites contre les organes de presse qui couvriront les activités de ces dissidents avec les symboles du parti. «Ils sont libres de créer leur mouvement politique», a-t-il souligné.
Des interrogations sur les sujets cruciaux qui préoccupent les Congolais
Evoquant les problèmes d’eau potable et d’électricité dans le pays, le premier secrétaire de l’Upads s’est interrogé : «On peut construire des aéroports, des autoroutes, des tours jumelles, comment ne peut-on pas donner de l’électricité, source de développement, donner de l’eau alors que nous avons le potentiel hydrographique ? ».
Parlant du lancement des travaux de construction des voiries urbaines à Pointe-Noire, comme point de départ de la relance du cycle rotatif des municipalisations accélérées, l’orateur s’est dit satisfait. Toutefois, il a relevé des incohérences du gouvernement sur la question. « Il faut que l’Etat dise si ce sont les grands travaux ou la municipalisation accélérée, et d’où viennent les moyens de financement en ces temps où le pays est confronté à des difficultés financières », a-t-il souhaité, craignant l’augmentation de la dette du pays.
En outre, bien que se réjouissant de la régularité de paiement des pensions des retraités, le premier secrétaire de l’Upads a noté des incertitudes qui pèsent sur ladite régularité. «Jusqu’à quand cela va durer ?. Nous ne sommes pas à l’abri des récessions. C’est pendant le temps de vaches grasses qu’on engage des reformes, qu’on prend des grandes décisions. Or, le gouvernement hésite de le faire. Il y a des reformes structurelles qu’il faut faire à la Caisse de retraite des fonctionnaires, il faut la ramener à un service de paiement des pensions», a-t-il souhaité. Pour lui, l’Etat doit prendre des mesures pour faire correspondre les pensions au pouvoir d’achat, penser à indexer le niveau des pensions au taux de l’inflation dans le pays.
Pascal Tsaty Mabiala a également fait état de l’augmentation du prix du carburant qui a occasionné l’effondrement du pouvoir d’achat des Congolais qui ne bénéficient pas des mesures d’accompagnement et qui fait payer aux petits commerçants et artisans le lourd tribut.
S’agissant de l’insécurité sans cesse grandissante dans le pays, avec en dernier lieu le drame de Ouesso, il a informé que l’Upads aura une déclaration dans les jours qui viennent.