Les pays du G7, réunis en Italie, ont trouvé un accord le 30 avril sur la fin des centrales à charbon. À la suite de la COP28 à Dubaï, le G7 prévoit la suppression progressive des centrales électriques ne disposant pas de dispositifs de captage de carbone d'ici à 2035.
Le G7 a fait un pas, le 30 avril, vers la sortie du charbon. Les ministres de l'Environnement et de l'Énergie des pays membres - Italie, Canada, France, Allemagne, Japon, Royaume-Uni et États-Unis - se sont mis d'accord sur la suppression progressive, d'ici à 2035, des centrales électriques au charbon ne disposant pas de dispositifs de captage de carbone. Ils s'étaient retrouvés à Turin, en Italie, pour la première grande réunion politique sur le climat depuis la COP28, organisée en décembre dernier à Dubaï, où le monde s'est engagé à renoncer progressivement au charbon, au gaz et au pétrole.
Le G7 a convenu de « supprimer progressivement la production actuelle d'électricité au charbon dans (ses) systèmes énergétiques au cours de la première moitié des années 2030 ou dans un calendrier compatible avec le maintien d'une limite d'augmentation de la température à 1,5°C, conformément aux trajectoires de neutralité carbone », peut-on ainsi lire dans un communiqué.
Pour rappel, le charbon est l'énergie fossile la plus polluante. Certains pays, comme la France, militaient pour que le G7 l'abandonne d'ici à 2030. D'autres ne partageaient pas cette vision. Le Japon, dont un tiers de l'électricité provient du charbon, se montrait, en effet, particulièrement réticent à fixer une date-butoir. En outre, selon Climate Analytics, les centrales à charbon allemandes représentaient encore 40 gigawatts (GW) de capacité en 2022, les japonaises 53 GW et les américaines 212 GW.
L'attente était néanmoins grande sur ce sujet. En témoigne la centaine de militants du climat qui a manifesté dimanche à Turin. Le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, avait, lui, exhorté les pays du G7 à utiliser leur poids politique, leur richesse et leur technologie pour sortir des énergies fossiles.
« C'est un engagement fort, un signal fort du G7 », a cependant commenté à l'AFP le ministre français, Franck Riester, qui représentait son pays à Turin sur les questions climatiques.
Pour Luca Bergamaschi, du groupe de réflexion sur le climat ECCO, le G7 a fait « un pas en avant décisif » pour traduire l'accord de Dubaï dans les législations nationales.
En revanche, Andreas Sieber, de l'organisation de défense du climat 350.org, a jugé ce progrès « important mais insuffisant », tandis que l'Institut d'analyse du climat a estimé que « 2035 est trop tard », jugeant « notable que le gaz n'ait pas été mentionné », bien qu'il soit la plus grande source de l'augmentation mondiale des émissions de CO2 au cours de la dernière décennie.
Engagement pris aussi sur le plastique
Cette réunion du G7 a aussi été l'occasion d'aborder d'autres sujets. Les pays membres ont ainsi dit « aspirer » à réduire la production mondiale de plastique. Ils ont affiché la volonté de s'attaquer de front à la pollution mondiale engendrée par ce matériau, présent partout dans l'environnement, du sommet des montagnes au fond des océans, ainsi que dans le sang des êtres humains. La production de plastique contribue significativement au réchauffement climatique puisqu'elle provient majoritairement d'énergies fossiles.
« Nous nous engageons à prendre des mesures ambitieuses tout au long du cycle de vie des plastiques pour mettre fin à la pollution plastique et appelons la communauté mondiale à faire de même », ont-ils déclaré, sans plus de précisions.
Ottawa, Paris, Berlin et Londres font pression pour l'adoption d'un traité afin de réduire la pollution au plastique, alors que Washington et Tokyo s’y montrent plus réticents.
Des déclarations qui interviennent pendant que, à l'échelle mondiale, des négociations ont eu lieu au Canada pour arriver à un traité de lutte contre la pollution plastique dans l'optique de mettre fin à ce fléau d'ici à 2040. Elles se sont conclues, dans la nuit du 29 au 30 avril, avec la perspective d'un accord d'ici à la fin de l'année. Un ultime round de négociations est attendu d'ici à novembre, cette fois en Corée du Sud. Pour le moment, un plafond proposé pour la production de plastique n'a pas trouvé place dans le projet de texte, et reste un point d'achoppement important entre les 175 pays participant à l'élaboration de ce texte.
La question des financements
La réunion à Turin a aussi été l'occasion d'échanger au sujet du financement de la lutte contre le réchauffement climatique. Les militants du climat demandent une aide accrue aux pays en voie de développement pour décarboner leur production industrielle, notamment les secteurs de l'acier et du ciment. Or, en vertu d'une convention des Nations unies sur le climat de 1992, seule une petite poignée de pays à revenu élevé, qui dominait l'économie mondiale à l'époque, s'est engagée à financer cette lutte. Cela n'incluait pas la Chine, devenue aujourd'hui le pays le plus émetteur de gaz à effet de serre. Sans nommer ce pays en particulier, les ministres du G7 ont déclaré que les efforts visant à collecter des fonds pour aider les pays les plus pauvres à lutter contre le changement climatique devraient inclure tous « les pays en mesure de contribuer ».
« En disant clairement qu'on appelait d'autres pays à contribuer, nous voulons que la Chine nous rejoigne dans cette direction », a précisé à l'AFP Franck Riester.
Les militants du climat demandent une aide accrue aux pays en voie de développement pour décarboner leur production industrielle, notamment les secteurs de l'acier et du ciment. À Dubaï, les pays se sont mis d'accord pour tripler les capacités mondiales en énergies renouvelables et sortir des énergies fossiles, mais le financement de cette transition pose problème, notamment pour les pays les plus pauvres.
Lundi, à l'ouverture de la réunion de Turin, le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, avait exhorté les pays du G7 à utiliser leur poids politique, leur richesse et leur technologie pour sortir des énergies fossiles, notamment en faisant pression sur leurs homologues des finances pour arriver à un « bond en avant ».
Ensemble, les pays du G7 représentent 38% de l'économie mondiale et sont responsables de 21% des émissions de gaz à effet de serre, selon des chiffres pour 2021 de l'Institut d'analyse du climat.