Les immortelles chansons d’Afrique : « Parisien refoulé » de Rapha Bounzéki

Vendredi, Mai 10, 2024 - 22:18

Rapha Bounzéki, décédé le 10 mai 2008, a légué à la postérité plusieurs de ses œuvres comme testament musical. Aujourd’hui, 16 ans après sa mort, sa fameuse chanson « Parisien refoulé » parue il y a de cela  35 ans continue toujours d’émerveiller bon nombre des mélomanes.

 « Parisien refoulé » est le titre phare du deuxième album de « Véritable Mandolina ». Avec cette mélopée, Rapha atteint les cimes de la gloire et son groupe explose. En réalité, c’est toute l’Afrique qui bouge sur l’envolée rythmique du jeune guitariste soliste Miffy Tshokoli qui se fait accompagner de Jean Louis Ndouboudi et qui est soutenu par le bassiste Wachimelle. Ce disque réalisé grâce à « Sid Music » et enregistré sous l’indice VMS 33 fut publié le 1er janvier 1989.

Il s’agit d’un jeune homme qui a grandi dans un environnement familial hostile à son épanouissement. Pour y échapper, il tentera l’aventure à Paris en France. Mais il  sera refoulé. A travers cette chanson, l’auteur encourage toutes personnes confrontées aux difficultés de croire que Dieu peut tout : « Tala nzambi zololo, mbu tu lenda kua », « si Dieu le veut, nous réussirons ».  Il conclut  avec la phrase : « na sadila mayela lumbu ko tié tia na niaka kuani » (je dois exercer l’intelligence pour qu’un jour je réussisse),   

Cette mélopée exécutée en « Mi », comprend deux parties. Elle s’ouvre par une entrée instrumentale dominée par la guitare solo, soutenue par la batterie d’Emile Biayenda de Tambour de Brazza, suivie du lyrisme vocal de Rapha. La première  partie est un chant à un ton (Mi Si La). Elle est constituée de quatre chants. Le premier chant est homophone. Ici, Rapha l’exécute seul. Après, vient le deuxième chant où Rapha débute seule et se fait rattraper par un chœur constitué de Cheri Dan, Hyppolite, Karisala, Mamadou Ya Lélé, Roger Lutin. Dans le troisième chant, l’auteur introduit une phrase qui sera reprise en polyphonie par le chœur. Le quatrième chant est responsorial. La deuxième partie est un chant à deux tons (Mi La Si La). Elle est marquée par un chant en forme de refrain-couplet et par les cris d’animation de fwakumputu. Notons que Freddy Kebano est au synthétiseur, Faley exécute le lokole, wachimelle  la tumba, et Layette les sifflets.  

Bounzéki Bernard, alias Rapha, est né le 4 août 1961. Il appartient à une caste des artistes atypiques de la scène musicale africaine. Auteur-compositeur prolifique, il a imprimé un nouveau style dans la rumba congolaise. Il débute dans la musique en tant que drummer dans le groupe « Veritas » créé par Ben Koulou et De Maza. Le 15 août 1986, il est recruté par Wachimelle dans « Véritable Mandolina ». En 1989, il est plébiscité meilleur auteur-compositeur. Il a laissé un héritage de 19 albums et quelques featuting dont s’inspirent des jeunes artistes tels que Sam Samouraï, Zoulema, Ferré Gola et quelques jeunes qui font le coupé décalé made in Congo.

 

Frédéric Mafina
Légendes et crédits photo : 
Rapha Boundzeki
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