Les souvenirs de la musique congolaise : la sublime épopée de l’orchestre Super Boboto « SBB » (1)

Jeudi, Mai 16, 2024 - 21:21

Super Boboto « SBB » fut créé en 1968, sur les cendres de l’orchestre Tembo, au célèbre bar Choisis, sous la férule de deux mécènes, Dolivera Mampouya et Jean Jules Okabando. Ces derniers ayant récupéré les instruments abandonnés par Daniel Loubelo de la lune, chef de l’orchestre Tembo, au lendemain de sa dislocation vers la fin de l’année 1967.

La disparition de l’orchestre Tembo (Tempête en langue Kongo) de la scène musicale congolaise remonte vers la fin de l’année 1967,  mettant ipso facto un terme à la rivalité avec les Bantous de la capitale. Le vent violent qui soufflait avec fracas dans le paysage musical brazzavillois lors des prestations dans les différents bars dancing au cours des années 1965, 1966 et 1967, emporta Tembo qui « mourut de sa belle mort après avoir abandonné les instruments suite au départ massif de ses musiciens ». Ce départ se justifiait, d’après les dissidents, par l’opacité dans la gestion des fonds de l’orchestre entretenue par Loubelo de la lune. Il s’agissait d'Arthur Nona (saxo), Démon Cazano, Sam Mangwana (chanteurs), Ruben Major Tumba (drummer), Mpouela Du Pool (batteur), Loussala Loussaint (guitare accoustique), José Bados (guitare solo) qui traversaient le fleuve et créaient à Léopoldville l’orchestre Roca Tempo, sous la houlette du célèbre chanteur Rossignol et dont Franco devait en assurer le sponsoring.

Par la suite, Daniel Loubelo de la lune, délaissé par certains ténors du régime de l’époque qui furent  ses mentors, entre autres, des membres de la Jeunesse du mouvement national de la révolution, organe issu de la Révolution des 13, 14, 15 août 1963 dont Tembo fut le chantre, abandonnait  les instruments et laissait seul au passage Djeno Ange Linaud (chanteur émérite) devenu inactif et ne sachant à quel saint se vouer. Entre-temps, à Léopoldville, le groupe Roca Tempo vivait le temps d’une rose car, aussitôt créé, il se disloquait à cause des promesses non tenues par Rossignol à l’égard de la plupart des musiciens, en l’occurrence Arthur Nona, Démon Cazano, Ruben Major Tumba, Loussala Loussaint, José Bados qui regagnaient Brazzaville où ils firent leur entrée dans le Negro Band, tandis que Sam Magwana jetait son dévolu dans l’African Fiesta de Rochereau. Mpouela du Pool, quant à lui, optait pour l’Ok Jazz.

L’idée de la création de l’orchestre SBB émergeait au cours d’une réunion tenue au bar Choisis (actuel site d’Eric Pressing) sous les auspices des deux mécènes Dolivera Mampouya  et Jean Jules Okabando. Par la suite, une entente à trois était conclue (les deux mécènes et Djendo Ange Linaud), donnant naissance à l’orchestre SBB avec comme chef Djendo Ange Linaud. La sortie officielle avait eu lieu au bar chez Faignond, le 27 avril 1968, devant un public venu nombreux assister aux prestations de ce nouveau-né de la musique congolaise. A suivre…

Auguste Ken Nkenkela
Légendes et crédits photo : 
Un visuel de l’orchestre SBB /DR
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