Décidément, le nouveau gouverneur de la ville de Kinshasa, Daniel Bumba, aura du pain sur la planche pour remettre sa juridiction sur la voie de la normalité. En cause, des contrats signés par son prédécesseur avec des tierces au détriment des intérêts de la ville.
Un récent rapport publié par deux organisations de la société civile, à savoir l'Observatoire de la dépense publique (Odep) et la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco) étale l'opacité ayant caractérisé la gestion de Gentiny Ngobila. Un contrat signé en 2021 entre l’Hôtel de ville de Kinshasa et la firme Sogema, à en croire les deux organisations, contient des clauses qui desservent complètement la République. En effet, soutient la source, l'Autorité urbaine a, à la faveur dudit contrat, laissé la gouvernance du Grand marché entre les mains de Sogema. Le suivi et le contrôle des travaux est également du ressort de cette société française en lieu et place du Bureau technique de contrôle et du Comité de suivi du projet. Ce qui, d'après l'Odep et la Licoco, tend à favoriser la corruption et l’enrichissement facile.
Plus grave, le coût des travaux évalué à 44 505 353 dollars américains est couvert totalement par un emprunt contracté par Sogema Sarl auprès de la Sofibanque, faisant fi de l'instruction de la Banque centrale recommandant aux banques commerciales de se réserver de prêter à l’Hôtel de ville de Kinshasa, sauf dispositions contraires. Pire, c'est la ville de Kinshasa qui assurera totalement la garantie de remboursement dans un deal où la Sogema n’aura apporté aucun financement propre.
Comme si cela ne suffisait pas, le contrat précité laisse la gestion exclusive du Marché central à la Sogema Sarl pendant vingt cinq ans. Une durée déterminée forfaitairement sans aucune étude préalable sur la rentabilité financière, économique du projet et son impact environnemental. Il s'agit là, d'après l'Odep et la Licoco, d'une privatisation du Marché central au profit de Sogema Sarl qui ne dit pas son nom. En conséquence, le rapport des deux organisations de la société civile plaide pour une révisitation du contrat. Celle-ci est censée passer par la correction de tout le processus de planification, de la programmation, de budgétisation et de suivi-évaluation de ce projet. L'objectif visé par cette démarche est de rééquilibrer les avantages entre les deux contractants, la ville et la population de Kinshasa.