L’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho), vivement préoccupée par les événements survenus à Kinshasa le 19 mai dernier du fait de l’attaque de la résidence du vice-Premier ministre, Vital Kamerhe, et du Palais de la Nation, bureau officiel du président de la République par des hommes conduits par sieur Christian Malanga, demane au président de la République d'ouvrir l’espace civique pour que les citoyens s’expriment librement sur leurs conditions de vie et sur la gouvernance générale du pays.
L'Asadho fait savoir que "Selon ses propres déclarations contenues dans les vidéos prises lors de leur entrée au Palais de la Nation, ce groupe d’hommes avait l’objectif de prendre le pouvoir et de mettre en place un autre régime". Elle s’inquiète du choix fait par Christian Malanga et ses hommes d’utiliser la violence pour prendre le pouvoir alors que tous les Congolais, selon la Constitution, ont convenu que le pouvoir s’obtient par la voie des élections. Cette organisation condamne toute tentative de prise de pouvoir par la violence et appelle ceux qui ont des frustrations de quelque nature que ce soit à les exprimer par des voies démocratiques.
La répression systématique des manifestations pacifiques
L'organisation de défense des droits humains regrette, cependant, le fait que toutes les revendications pacifiques subissent des représailles de la part de la police nationale congolaise ou de l’Agence nationale de renseignement (ANR), dans l’indifférence totale des hautes autorités du pays dont le président de la République et le Premier ministre. "Ils sont arrêtés, maltraités et mis aux arrêts arbitrairement", a-t-elle dénoncé. Pour soutenir ces allégations, l'Asadho documente certains cas les plus récents parmi ceux enregistrés depuis l’année dernière. Selon elle, en date du 5 février dernier, plusieurs jeunes des mouvements citoyens dont Fred Bauma et Bienvenu Matumo, respectivement d'Ebuteli et de la Lucha, ont été arrêtés et torturés par les agents de l’ANR, en marge de la manifestation organisée au Palais du peuple, à Kinshasa, par les mouvements citoyens pour commémorer l'an un de l’occupation de Bunagana par les troupes rwandaises.
L'Asadho rappelle également que le 4 mars, des activistes de Goma, au Nord-Kivu, qui marchaient pour exiger les allégements fiscaux et sociaux, ont été arrêtés arbitrairement par la police. Le chargé du réseau de Filimbi, Christopher Muyisa, était pris à cette occasion. Et à peine le 20 mai, plusieurs jeunes des mouvements citoyens dont Gauthier Kasongo, Joël Ituka, Tony Ndjoli, Chadrack Mukweyi, Hussein, André Okoka, Didier Bomba et Eric Kabongo ont été arrêtés pour avoir organisé, à Kinshasa, une marche pacifique contre la vie chère. Deuw jours après, plusieurs autres mouvements citoyens de la ville de Goma ont organisé une marche pacifique pour dénoncer la pénurie d’eau potable dans la ville. "La manifestation a été réprimée et quatre jeunes dont JP Mulagizi, Héritier Nyamwami, Thanks Walaya et David Ishara Habamungu ont été arrêtés et conduits à la police", a souligné l'Asadho, indiquant que ces quelques cas montrent de manière claire que l’espace civique est confisqué par le pouvoir en place, rendant ainsi toute revendication démocratique difficile.
Les citoyens, précise-t-elle, ne peuvent pas utiliser les moyens démocratiques prévus par la Constitution pour s’exprimer. Celui qui le fait expose sa vie aux représailles du régime. Tout en condamnant fermement cette attitude anti-démocratique, l'Asadho recommande au président de la République de faire respecter l’article 60 de la Constitution qui dispose que "le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales consacrées dans la Constitution s’impose aux pouvoirs publics et à toute personne".
Au ministre de l’Intérieur, l'Asadho demande d'instruire la police pour qu’elle s’abstienne de réprimer les manifestations pacifiques et d'arrêter arbitrairement les manifestants; de prendre des sanctions administratives contre tous les policiers impliqués dans la répression des manifestations pacifiques. Elle exhorte le peuple congolais de continuer à se battre pour que l’exercice de toutes les libertés publiques garanties par la Constitution soit effectif.