Le casque que l’explorateur franco-italien, Pierre Savorgnan de Brazza, avait offert à son guide de navigation, le piroguier Atipo Ntsoualango, à Ngabé, en 1879, lors de ses voyages d’exploration à l’époque coloniale, est revenu chez son donateur, le 26 juin 2024, soit plus de 144 ans après.
Le casque colonial de Pierre Savorgnan de Brazza a été remis à la directrice générale du mémorial éponyme, Belinda Ayessa, conservatrice de ce haut lieu d’histoire du Congo, par Atipo Itoua Ndouniama, fils du guide piroguier Atipo Ntsoualango. En posant ce précieux acte historique, Atipo Itoua Ndouniama a indiqué qu’à chaque chose son temps et son propriétaire. « A César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu, au mémorial ce qui est au mémorial. Je viens d’apporter à la directrice générale du mémorial un objet précieux que nous avons négligé dans le temps. Il s’agit du casque colonial que l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza avait laissé à mon père, qui fut l’un de ses guides. J’ai découvert ce lieu, parce qu’au cours des causeries, les gens m’ont conseillé de remettre ça à qui de droit. Pour moi, qui de droit c’est le mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza où repose le donateur de ce casque », a-t-il expliqué.
Pour Atipo Itoua Ndouniama, au lieu que ses enfants s’amusent avec ce casque, il a trouvé mieux de l’amener au mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza. « Je trouve que le mémorial est l’endroit auquel je dois déposer ce casque, parce qu’il sera conservé dans l’histoire. De même que l’histoire de notre papa ne va pas se perdre. C’est pourquoi je tiens à remercier la directrice générale qui a accepté de me recevoir et d’abriter notre patrimoine laissé par Pierre Savorgnan de Brazza et je m’en réjouis énormément », s’est-il exprimé.
Enfin, l’héritier de droit du guide Atipo Ntsoualango s’est dit prêt à apporter au mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza une marmite ancienne (canari) dans laquelle on préparait la nourriture de l’explorateur franco-italien. « Je reviendrai remettre cette marmite au mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, afin qu’elle serve comme d’autres objets de témoignage du passage de Pierre Savorgnan de Brazza ici », a conclu Atipo Itoua Ndouniama.
La réception du casque colonial, un moment inédit
Réceptionnant le casque colonial, la directrice générale du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza a dit que c’est un moment inédit pour elle. « J’étais loin d’imaginer un jour pouvoir tenir entre mes mains un objet aussi précieux. On parle là quand même du casque colonial qui a appartenu à Pierre Savorgnan de Brazza qui repose ici, le fondateur de notre ville capitale. Donc c’est un moment extrêmement important. Je vais vous rassurer qu’en tant que première responsable de ce lieu de mémoire, nous allons en faire bon usage. De la même manière que vous avez pu et su conserver ce vestige qui est passé en lien étroit avec Savorgnan de Brazza, c’est de la même manière que nous allons aussi le préserver », a-t-elle garanti.
La conservatrice du mémorial s’est réjouie aussi du fait que l’institution culturelle et historique dont elle a la charge de diriger commence à réceptionner de plus en plus de vestiges en lien direct avec Pierre Savorgnan de Brazza, qui lui-même repose en ces lieux. « Vous m’avez dit que ce n’est pas terminé et que vous allez ramener la marmite dans laquelle étaient préparés les mets qui servaient à la nutrition de Savorgnan de Brazza et de toute l’équipe qui l’accompagnait. La marmite a été de votre papa qui vous a légué cet héritage, lui qui a eu la grâce d’être guide et d’accompagner l’explorateur Savorgnan de Brazza. Je voudrais saisir cette opportunité pour rendre hommage à votre papa. Je m’incline respectueusement devant sa mémoire. Ce que vous nous avez dit de lui, prouve à suffisance que c’était un homme qui était attaché à certaines valeurs, attaché aux choses de l’esprit, à l’histoire, aux vestiges », a-t-elle reconnu la valeur de l’homme.
Enfin pour la directrice générale du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, un pays qui n’a pas de mémoire est un pays qui est voué à rien. « Et notre mémoire c’est aussi notre identité, notre authenticité, notre culture, nos us et traditions », a-t-elle conclu.