Les souvenirs de la musique congolaise : la mort de Lutumba Ndomanueno Simon Simaro

Jeudi, Juillet 11, 2024 - 18:30

Affaibli par la maladie, Lutumba Simaro décède à l’âge de 81 ans. Il quitte définitivement la scène musicale après avoir confié les rênes de l’orchestre Bana Ok à l’artiste Manda Chante. Un choix qui ne rencontre pas l’assentiment de certains musiciens du groupe.

Alors qu’il venait de fêter ses 81 ans, Lutumba Ndomanueno Simon alias Simaro, monument de la musique congolaise, quitte la terre des hommes le 30 mars 2019 après une carrière musicale bien remplie d’œuvres emblématiques qui ont émerveillé les mélomanes et ambianceurs du Pool Malebo et d’ailleurs pendant plusieurs décennies.

Ancien compagnon de Franco Luambo Makiadi fondateur du Tp Ok Jazz qu’il avait rejoint en 1961, Lutumba Simaro lui est resté fidèle jusqu’au dernier jour de sa disparition, le 12 octobre 1989. Par la suite, il prend la direction de l'orchestre, mais des malentendus avec la famille Luambo l’emmènent à créer, le 30 janvier 1994, son propre groupe dénommé Bana OK (Les jeunes de l’orchestre kinois) qui connaîtra des dissidences après que le poète Lutumba a mis fin à sa carrière musicale et confié la direction de l’orchestre à Manda Chante (qui n’a jamais évolué dans le groupe), un choix que certains musiciens considèrent comme un désaveux à leur égard, et qui, ipso facto, serait à l’origine de la disparition de Bana Ok du microcosme musical congolais.

Il sied de noter que l’Ok Jazz a offert à Lutumba non seulement d’exprimer sa personnalité mais aussi un cadre, un groupe des compagnons auquel il se sentait lier. Grand auteur compositeur, créateur de qualité, virtuose de la guitare d’accompagnement, figure musicale d'un talent immense, il est éducateur social dont les thématiques ont trait à la vie courante que l’on retrouve dans ses œuvres et où le public s’identifie facilement. Le secret de sa réussite c'est son amour pour la musique et la chanson, recherchant toujours la qualité. Ses titres sublimes tels que "Mabélé", "Mbongo", "Maya", "Faute ya commerçant", "Kadima" et autres illustrent bien ses qualités artistiques exceptionnelles. Ses textes poétiques sur les réalités socio-économiques des congolais lui confèrent le statut de chroniqueur social et d’historien. Mais la mort, une fois de plus, venait frapper à la porte de la maison de la musique congolaise et emporta son icône, le 30 mars 2019, laissant ainsi les fans et mélomanes dans l’amertume et la consternation.

Peu avant sa mort, Lutumba Simaro avait rencontré le président Kabila, en avril 2018, à qui il avait remis une guitare et qui à son tour avait vanté « les mérites » d’un musicien dont les œuvres ont été reconnues de son vivant.

La République, après lui avoir rendu un vibrant hommage au cours d’une cérémonie solennelle organisée à cet effet, Lutumba Simaro fut inhumé au cimetière de la nécropole entre terre et ciel, dans la commune de N'Sele, à Kinshasa. Un monument avait été érigé en son honneur dans la commune de Linguala.

Lutumba Simaro, bien que parti dans l’au-delà, demeure immortel. Comme l’air libre, il soufflera toujours dans la société qu’il a servie par ses œuvres nostalgiques qui continuent de s’imposer dans la musique du Pool Malébo.

Auguste Ken Nkenkela
Légendes et crédits photo : 
L'artiste musicien Lutumba Simaro/DR
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