“Matondo” et “Tangou, le fils de Baloka” sont les deux ouvrages de Hilarion Boukoumou présentés récemment à la communauté littéraire au centre culturel Zola à Brazzaville.
“Matondo” est un recueil de poèmes qui vient de germer dans le vaste, immense et dense champ de la poésie congolaise d’expression française. C’est un véritable repas lyrique que le poète écrivain Hilarion Boukoumou sert aux lecteurs de belles œuvres poétiques. Aimant les livres et pour ne pas faire de jalouses entre la prose et la poésie, il flirte avec l’une et l’autre, tirant de ses devanciers amoureux des belles lettres tous les plaisirs que lui procurent ces deux amantes lyriques. C’est d’ailleurs pourquoi, successivement il est passé du roman en 2022 avec “Tangou, le fils de Baloka”, édité à L’Harmattan à “Matondo”, recueil de poèmes toujours à L’Harmattan en 2023.
“Matondo” est un recueil de quarante-six poèmes qui s’étalent sur quatre-vingt-quatre pages. Sous différentes fresques, le poète Hilarion Boukoumou promène son pinceau pour décrypter et dénoncer certains faits sociaux. Il a abordé presque toutes les thématiques, du positif au négatif au travers de l’amour, du bien, du mal, de la joie, de la tristesse, de la politique, du chômage, de l’art, du fanatisme, du sport… Avec des mots méticuleusement choisis, des aspects contrastants de la vie ont été mis en relief. C’est une poésie d’alerte pour apaiser les plaies de tout genre et offrir aux humains les plaisirs afin qu’ils se délectent des différents instants de la vie sur terre.
Le critique littéraire et écrivain Pierre Ntsemou a choisi quelques morceaux pour mesurer le talent poétique du nouveau venu au cercle des poètes du Congo à travers des termes suivants : « Je viens » à la page 25, « On ne saurait parler » à la page 77, « Afrique » à la page 80, un échantillon d’un long poème (21 strophes, 84 vers) à la page 35, « Dialogue des mots », puis un échantillon de poème court (4 strophes ; 16 vers).
Dans sa critique du recueil poétique “Matondo”, le Dr Winner Franck Palmers, écrivaine et critique littéraire, assimile l’écriture de l’écrivain Hilarion Boukoumou à une écriture de l’intimiste, une écriture engagée et engageante, une écriture de l’audace et de l’ironie, car audacieusement, l’auteur fait recours à l’ironie pour pimenter ses vers. Pour elle, le poète de l’audace a bravé scripturairement le scripteur de L’Audace d’espérer. « Dans cette transcription du réel qui s’adresse aussi bien à la sensibilité, à la réflexivité et à l’action en marche, l’auteur versifie également le monde intérieur sur l’angle sentiments multiples pour atteindre l’universalité. L’écrivain Hilarion Boukoumou offre une poésie de l’Amour et de la Résistance », a souligné le Dr Winner Franck Palmers.
“Tangou, le fils de Baloka”
“Tangou, le fils de Baloka” relate l'histoire de Tangou qui, après l'obtention de son baccalauréat à Mfinda, part pour Bissibossi, la capitale, poursuivre ses études universitaires. Un satisfecit pour Baloka, son père retraité, qui trouverait en son fils Tangou l’occasion de vivre ses derniers instants de bonheur sans limite. « Pour ce petit, mon benjamin Tangou, je suis prêt à tout faire pour qu’il réussisse afin qu’il soit mon troisième pied durant mes derniers instants sur terre. C’est mon soleil, comme son nom l’indique », peut-on lire à la page 18. Seulement cet espoir que suscite Tangou est rudement éprouvé par le destin : l’obscurité va s'abattre sur sa famille. Bien qu’une étoile ne s'éteint jamais, Tangou sortira-t-il vainqueur de cette opacité ?
Critiquant “Tangou, le fils de Baloka”, œuvre littéraire de l’écrivain Hilarion Boukoumou, le Dr Winner Franck Palmers est revenue sur la vie de l’icône Tangou et les questionnements qui se posent. En effet, pour la critique, l’auteur pose des questions pertinentes et fait des suggestions musclées. À la page 142, il propose l’alternance. Il goûte la pomme rouge écarlate de la passion fusionnelle avec Inès Bakoubika, la fille de l’opposant Lobaponannga Bakoubika dans une modeste chambre du campus universitaire (p. 205). Ayant bénéficié d’une bourse d’études, la métropole l’accueille. Malheureusement, Tangou est atteint d’un cancer du cœur dont les signes avant-coureurs remontent à quelques années. La pathologie a basculé vers la phase terminale. Il a tiré sa révérence, quelque temps après. Pourtant « I have a dream » (209-212) a trouvé l’accomplissement dans sa vie. Une page de Bololo est tournée. Bololo a embrassé l’ère démocratique.Tangou demeure une étoile même si son esprit et son âme ont été dissociés de son corps, tout comme d'autres étoiles de la lumineuse constellation. Ce grand visionnaire, malgré son jeune âge, n’avait-il pas attelé son char à une étoile ? “Tangou, le fils de Baloka”, estime le Dr Winner Franck Palmers, est un livre à consommer sans modération.
Hilarion Boukoumou est né à Sibiti, dans le département de la Lékoumou, en République du Congo. Il a étudié à la Faculté de droit de l'université Marien-Ngouabi, à Brazzaville, avant d'être admis au concours d'entrée à l'École nationale d'administration et de magistrature du Cameroun. Actuellement, il est substitut du procureur de la République près le Tribunal de Grande instance de Brazzaville.