Annoncée pour le 31 juillet à 16h dans la salle des spectacles, la projection du film « L’histoire de la parité en RDC » entend mettre en lumière le combat de longue haleine de 31 Congolaises qui ont réussi à faire inscrire la parité dans la Constitution de leur pays.
Un petit aperçu du documentaire de Marie-Rose Tshite a été livré à la conférence de presse tenue le 29 juillet, dans la salle Kampala du Rotana, à Kinshasa, en présence de quatre grandes figures qui ont milité pour la parité en République démocratique du Congo (RDC). En effet, les prises de parole successives d’Anne-Marie Makombo, Faïda Mwangilwa, Florence Boloko et Marie-Ange Lukiana ont éclairé l’assistance sur les nombreuses péripéties qui ont émaillé leur combat depuis la genèse jusqu’à maintenant. Du retour des négociations de paix à Sun City, en Afrique du Sud, après le dialogue inter-congolais, les tractations sont menées sans relâche ensuite, puis l’inscription de la parité dans les articles 14 et 15 de la Constitution. Plusieurs épisodes et un long cheminement en notant le rôle significatif de nombreuses associations féminines de la société civile sur lequel s’est étendue Florence Boloko.
Que de stratégies pour obtenir la « représentation appropriée des femmes » évoquée par Faïda Mwangilwa, prémices encourageant pour la poursuite du combat! Loin de s’en contenter, déterminées à aller jusqu’au bout, convaincre les hommes et bénéficier de leur appui a été crucial. Inséré dans le préambule de la loi fondamentale d’abord, le principe de la parité devait être consacré comme un droit inaliénable dans les textes. Trois femmes parmi une centaine de sénateurs relaient les attentes de toutes, décidées à marquer leur présence aux postes de décision. Les femmes étant minoritaires, « tout se jouait au masculin », « la majorité apportée par les hommes était déterminante ». Dès lors, les hommes sensibles à la promotion des femmes sont appelés « hommes genrés », indique Marie Ange Lukiana, rappelant ce pan de l’histoire où elle a joué sa partition. L’inscription de la parité dans la Constitution est « une grande victoire législative ».
Adoption en 2011
Depuis la Conférence nationale, que d’étapes pour un parcours laborieux ! Si pour les hommes la présence « d’au moins une femme » semblait suffire, les femmes refusent de s’en contenter. Elles obtiennent la « représentation significative » dont elles n’ont pas le même entendement. L’on passe alors, avec la révision de l’acte constitutionnel de transition en 2006, à la « représentation équitable » ne dépassant pas 10 % de femmes. Le dernier texte, avec la « représentation appropriée des femmes », ne va pas au-delà. Les frustrations engendrées par cette faible représentativité, en comparaison à d’autres nations lors des assisses internationales, encouragent la poursuite de la lutte. En 2011, le projet de loi adopté, la mort du rapporteur de la commission, Jean-Marie Kamoni à la suite du dépôt dudit projet, n’est pas à passer sous silence. La promulgation en 2015 de la loi par le chef de l’Etat couronne le long processus porté avec conviction par les bénéficiaires. Au bout du compte, la RDC fait figure de pionnière étant la première nation africaine à avoir consacré la parité homme-femme dans sa Constitution. Aujourd’hui, les 30% sont une réalité mais les femmes veulent plus, atteindre les 50 %. Après la primature aujourd’hui acquise, il reste le dernier palier : la présidence de la République.
Réalisation de Marie-Rose Tshite, « L’histoire de la parité en RDC : paix, Parlement et parité. Elles ont fait inscrire la parité dans la Constitution » dure 50 minutes. Sa projection est prévue en présence de plus de trois cents invités dont des acteurs politiques, à l’instar du président de l’Assemblée nationale, l’honorable Vital Kamerhe. Universitaires, membres de la société civile, partenaires techniques et financiers ainsi que les femmes actrices dans le processus ayant abouti à la consécration de la parité dans la loi fondamentale y sont également conviés.
Travail d’archivage laborieux et louable, le documentaire est constitué de recherches, d’interviews de 31 pionnières menée par la directrice exécutive de Salama women’s Iinstitue, Marie-Rose Tshite. La réalisatrice, actuellement étudiante en deuxième année de doctorat en sciences politiques à Cincinnati, aux Etats-Unis, y reconstitue l’histoire de la lutte des Congolaises pour la promotion de leurs droits. Activiste des droits des femmes et des jeunes dans les sphères de prise de décision, elle est experte des questions de démocratie, de paix et de sécurité. On lui doit la stèle en hommage aux femmes pionnières érigée au Musée national du Congo.